On réduit communément le terme « hijab » au voile islamique, mais en réalité cette terminologie a un sens bien plus vaste et complexe. Petite explication afin d’endiguer les idées reçues.

Eh oui ! N’en déplaise à certains, mais les femmes musulmanes ne sont pas les seules à être soumises à des obligations d’ordre vestimentaire et comportemental. En effet, l’opinion publique est focalisée sur les femmes et leur tenue mais qu’en est-il vraiment ? L’islam est une religion d’équité, ainsi comment les femmes seraient-elles les seules garantes de la pudeur et de la chasteté ?

Contrairement à l’Occident qui voit dans le dénudement un progrès social, en islam le couvrement est signe de civilisation et l’exhibition du corps nous apparait primaire. Le terme hijab a en arabe le sens de dissimuler, cacher, préserver. Soumission à un ordre divin, le hijab, au niveau vestimentaire, ne se réduit pas au foulard mais à l’ensemble des parties du corps que la femme ET l’homme doivent recouvrir. Concernant la femme, la dissimulation de l’ensemble du corps, chevelure y compris, est préconisée avec quelques variations selon le madhab suivi. De façon générale l’habit doit être ample, couvrant, opaque, non parfumé, ne pas ressembler au vêtement masculin et ne doit pas attirer outrageusement l’attention. L’objectif est la discrétion et la pudeur. Par ailleurs, la symbolique du hijab est la protection de l’intime, à savoir que plus une chose est précieuse plus elle doit être protégée : le respect des attributs féminins et masculins dans l’islam doivent être liés à une forme d’engagement personnel. Par exemple, lorsqu’un homme croise une belle femme, il devrait automatiquement penser comme suit : cette femme n’est pas la mienne, elle n’est ni ma mère, ni ma sœur. De la même manière que je n’apprécie pas que quelqu’un dévisage une de mes proches, pourquoi me l’autoriser à moi-même (le même raisonnement peut être fait pour une femme) ?

 « Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. » (Sourate an-Nour, verset 30).

Intéressons nous donc plus particulièrement aux hommes. Les hommes ont en effet aussi une awra (parties du corps à ne pas montrer) comprise entre le nombril et les genoux mais aussi l’interdiction dans la charia de l’or et de la soie : bye-bye jeans moulants, slips de bain et autres tenues de ce type que l’on voit fleurir à foison ! Au même titre que les femmes, les hommes ne doivent pas choisir des tenues ostentatoires ayant pour but d’attirer et de séduire. La mode actuelle fourvoie de plus en plus les jeunes hommes avec un style androgyne préconisé (cheveux teints, surenchère de bijoux, vêtements ultra moulants type slim, couleurs girly, etc.). Force est de constater que les frontières entre le féminin et le masculin et entre pudeur et impudeur sont de plus en plus ténues. Les codes sont brouillés et les messages marketing aveuglent de plus en plus notre jeunesse : un réel effort pédagogique et une éducation au respect du corps, pour les hommes et pour les femmes, est à faire.  Remarquons de surcroit que ce sont souvent ceux qui ont le comportement et la tenue les plus outranciers qui font acte des critiques les plus véhémentes (pour ne pas dire vulgaires et insultantes) concernant les femmes ne respectant pas les règles vestimentaires qu’ils estiment suffisamment décentes. Rappelons que l’injonction à la pudeur concerne tous les genres, et que les femmes ne sont par conséquent pas les seules garantes de la préservation des bonnes mœurs.

Une femme se respecte quoiqu’il arrive et l’homme musulman se doit de baisser son regard. Et si on évite les lieux les plus sujets à tentation (plage bondée au mois de juillet ; boites de nuit ; et tous les lieux favorisant promiscuité, séduction et alcoolisation), gageons que ce travail de retenue sera beaucoup plus facilité !

En islam, pas deux poids deux mesures : chasteté, respect, politesse et pudeur sont les lois des deux sexes. Que les uns ne cherchent pas à se dédouaner sur les autres pour justifier leur faiblesse. 

Crédit photo : Iraqiguy