Ou comment la femme du Sinaï inspira Christian Lacroix

Le Musée du Quai Branly nous présentait l’Orient des Femmes, véritable ode à femme orientale, plus précisément à celle du Proche-Orient, à travers des habits de fête subtils, brodés, pudiques mais élaborés.

En pénétrant dans la salle d’exposition, vos pas se posent sur un tapis aux motifs de l’une des robes exposées, pensé par le créateur Christian Lacroix, qui a participé au choix des robes présentées.
Vos pas flottent alors vers les robes, époustouflantes de beauté, aux formes variées, aux manches majestueuses, et aux couleurs magnifiques, vous en jetant plein les yeux tout le long du parcours.

Les robes exposées sont les robes de fêtes de paysannes et de bédouines. La plupart des pièces appartiennent au musée. Mais pour que l’exposition soit complète, il a été fait appel à Widad Kawar, jordanienne connue pour avoir l’une des plus belles collections de robes (the Arab heritage collection).

La Syrie vous accueille en premier ; vient ensuite la Jordanie, la Palestine, puis le désert du Sinaï et la femme bédouine.

La Syrie ouvre donc le pas, vous présentant des robes aux tons variés, allant du noir au blanc le tout agrémenté de couleurs sublimes, délicatement brodées. Le style est intrigant, car on pourrait parfois penser avoir devant soit des robes tibétaines ou guatémaltèques.
Vient ensuite la Jordanie, où je dois bien avouer qu’une des robes les plus intrigantes qu’il m’ait été donné de voir était exposée. D’ailleurs, il est précisé en commentaire qu’elle souleva les interrogations de nombre de voyageurs… Ladite robe paraît avoir été conçue pour des géantes. Sans exagération, celle-ci faisait la taille de deux robes, tant en longueur qu’en largeur. Un petit commentaire explique comment était portée cette robe, mais le plus intéressant est la vidéo de cette femme, filmée dans les années 30, qui montre comment se portait la robe, d’une totale ingéniosité !
La Palestine vient ensuite, et présente des robes aux couleurs étonnantes, violettes, roses, rouges, vertes, magnifiques, époustouflantes !
Puis vient ma partie préférée, celle des bédouines de la péninsule arabique. Comble de l’ironie, des niqab, appelés ici burqa, sont exposés … Un mannequin porte un habit traditionnel complet, niqab compris … sans menace d’amende de 150 € … Qu’ils étaient magnifiques ces niqab … Rouges, jaunes, noirs, ornés de pièce, de coquillages, de perles d’ambre …

L’exposition se termine par des robes contemporaines (les robes exposées étaient en général des années 30 ; celles-ci plutôt des années 90). Deux magnifiques robes blanches, ornées de petits drapeaux de la Palestine, ont conquit mon cœur. J’ai même cherché à voir si elles n’étaient pas disponibles à la vente, car fabriquées par des femmes Palestiniennes, pour gagner leur vie et préserver leur art.

Leur art …

Car ce qui prédomine, tout au long de ce voyage en Terres bénies, c’est bien l’art de la broderie. Dès qu’elles étaient en âge de tenir un aiguille, les jeunes filles étaient initiées à l’art de la broderie, et cousaient leurs robes, confectionnant jusqu’à 12 robes tout au long de leur vie. Car avant la broderie, il y avait la fabrication du tissu, sa teinture (avec des techniques impressionnantes), la coupe, et enfin, la broderie.

Cet art se perd … Les paysannes ont préféré gagner quelques pièces en vendant ce qui fut leur fierté. Les habits occidentaux ont remplacé les habits traditionnels … Cette exposition rappelle combien la femme orientale est belle et fière.

Je noterais deux bémols à cette visite : tout d’abord le manque d’explications sur les robes était parfois frustrant. Ensuite, certains commentaires dénigrant l’Islam, prétendant que notre bien-aimée religion a enfermé les femmes, brisant leurs libertés par une prison de tissus … Alors que nous, nous voyons cet habit comme une libération, une fierté … Commentaires oubliant que l’Islam a donné une place de valeur à la femme contrairement à ce qu’ils prétendent…

Mais la balade fut jolie et m’a bel et bien menée dans des contrées inconnues et rêvées.