C’est en suivant la route de la soie que l’islam est entré en Chine au VIIe siècle, avec des marchands en majorité persans. La plus grande part de ses pratiquants habite les régions de l’Ouest. Ils sont majoritaires dans les régions autonomes du Ningxia et du Xinjiang, où ils appartiennent essentiellement à deux minorités nationales de langue turque : Ouïghours et Kazakhs. Mais la principale ethnie musulmane est celle des Hui. Selon les légendes traditionnelles musulmanes chinoises, l’islam est importé dans ce pays par une délégation envoyée par le troisième calife, Othmân ibn Affân, en 651, moins de trente ans après le décès du prophète salallahou ‘alayhi wa salam. Il est fort probable, d’après les historiens, que les diplomates et marchands musulmans soient arrivés en Chine à moins de quelques décennies de l’Hégire.

Les premiers établissements de musulmans en Chine étaient constitués de marchands Arabes et Perses. Bien des siècles plus tard, durant la dynastie Yuan (1271–1368), un nombre important de musulmans s’y sont installés. C’est alors que les musulmans chinois ont exercés une influence importante ; mais au fil du temps, ces grands intellectuels et scientifiques spécialisés dans l’architecture et l’astronomie, puissants stratégiquement, se sont subitement vus persécutés et leur cultures « lavées », par souci « ethnique ».

De nos jours, l’islam est protégé, mais sous certaines conditions. En effet celui-ci est géré par l’Association Islamique de Chine, une association étatique à laquelle doit s’affilier tout musulman. Le gouvernement chinois a cependant doté la province de Xinjiang, où siège la plus grande population musulmane, d’un statut d’autonomie qui laisse une plus grande liberté à la pratique de l’islam (éducation religieuse encadrée, pèlerinage à La Mecque, construction de mosquées, etc). Néanmoins, ce « contrôle » est l’objet de vives critiques et serait apparenté à une répression de l’État, notamment sur la pratique religieuse des Ouïghours.

La grande majorité des musulmans en Chine sont sunnites. Une caractéristique notable dans certaines communautés musulmanes en Chine est la présence de femmes imam… Une étude de 2009 a conclu qu’il y aurait 21,6 millions de musulmans en Chine, représentant 1,6 % de la population totale. Mais selon d’autres données indépendantes, elle possèderait 65,3 millions de musulmans. Une nouvelle source donne une fourchette de 20 à 100 millions (1,5 à 7,5 % du total) de musulmans en Chine. Difficile donc, d’évaluer précisément le nombre de nos frères et sœurs chinois… Seraient-ils plus nombreux en réalité, ou vivraient-ils leur religion dans le secret ?

Au cours des vingt dernières années un large éventail de possibilités d’éducation islamique a été développé pour répondre aux besoins de la population musulmane en Chine. Aujourd’hui, un nombre croissant d’étudiants partent à l’étranger pour poursuivre leurs études au niveau international dans des universités islamiques en Égypte, Syrie, Arabie saoudite, Pakistan, Iran et Malaisie.

En Chine, l’islam a influencé la technologie, les sciences, la philosophie et les arts. En termes de culture matérielle, on trouve des motifs décoratifs de l’architecture et la calligraphie islamique d’Asie centrale. La première mosquée chinoise est construite au VIIe siècle sous la dynastie Tang, à Xi’an. Les mosquées chinoises suivent l’architecture traditionnelle du pays. La Chine est réputée pour ses magnifiques mosquées, qui ressemblent à des temples. Toutefois, dans l’ouest de la Chine, les mosquées sont plus proches de celles du Moyen-Orient, avec de hautes toitures, des minarets élancés, des arches courbes et son toit en forme de dôme.
Pour l’écriture arabe, on utilise le Sini, une forme de calligraphie chinoise islamique, largement utilisé dans les mosquées de la Chine orientale.

La religion en Chine est multiplicité. On y pratique le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, le christianisme avec une hausse exponentielle depuis 50 ans ; quant au judaïsme, il augmenta considérablement au milieu du XIXe siècle après la Guerre de l’Opium. L’attitude de l’État favorise cette pluralité en exerçant depuis le début de l’empire (IIIe siècle av. J.-C.) un contrôle attentif sur les groupes susceptibles de constituer une menace pour le pouvoir et la société ; il met au pas les sectes trop actives, n’accordant que rarement l’exclusivité à un culte. L’assemblage et le mélange sont courants, rendant les contours des ensembles religieux flous ; c’est pourquoi en Chine, on a l’impression de se trouver face à une constellation de philosophies et de pratiques, plutôt qu’à de véritables confessions…

Photo : Grande mosquée de Xian en Chine