Je viens aujourd’hui vous livrer mon témoignage sur les Tocs, appelés Troubles Obsessionnels Compulsifs. Dans mes souvenirs, cela a commencé vers l’âge de 12 ans, un âge clé car il correspond aussi à la séparation de mes parents et toutes les conséquences négatives que ça peut inclure, ce qui en soit a été une grande source d’angoisse, beaucoup de chamboulements dans ma tête et mon corps, dans mes repères, et cela a été je pense le point de départ de tous ces rituels.J'ai des tocs

Ces tocs sont souvent assez méconnus ou mal interprétés, beaucoup de clichés les entourent aussi, on prend souvent à tort les personnes qui en ont pour des « fous ».

Les tocs peuvent prendre beaucoup d’aspects différents, et puis il y a ceux qui sont visibles, « externes » et aussi tous ceux(les plus durs à gérer en fait) qui sont internes.

Je m’explique, dans mon cas, les tocs externes se matérialisent par exemple par le fait de faire des vérifications incessantes, et cela pour toute chose: regarder sous le canapé, rester à fixer un objet longuement pour m’assurer qu’il est bien là, la porte du frigo qui est tellement bien fermée que je m’en fais mal aux articulations des doigts, fermer les robinets à fond jusqu’à en abimer les joints, vérifier les plaques de cuisson en restant parfois de longues minutes à visualiser que les boutons sont bien éteints jusqu’au moment où j’atteins un seuil où j’estime que je suis rassurée et où je pense que ça n’est plus utile que je visualise, visualiser les jouets de mon enfant voir s’ils sont tous là, etc, les exemples sont multiples puisque presque pour chaque chose!

Ça n’est pas simple à décrire, il faut le voir pour se rendre compte de l’ampleur!

Bien sûr au fond de moi si je fais un effort mental et physique, je pourrais m’abstenir et suis consciente que tout cela est absurde, parasitant et me fait perdre un temps fou, mais c’est plus fort que moi, cela me rassure et tous ces nombreux rituels sont devenus comme des habitudes qui rythment ma vie.

Il y a aussi tous les tocs « internes » comme le fait d’avoir des pensées obsessionnelles, obsessions d’achats (le mot n’est pas exagéré), faire des « listings » pour toute chose, par exemple dans ma tête après avoir donné le bain à mon fils, je me fais toujours une liste dans ma tête pour être sûre que je n’ai raté aucune étape, je vous cite dans l’ordre: bain, couches, oreille, parfum cheveux, couper ongles, crème, yeux etc.. je sais que ça peut paraître incompréhensible mais moi je me comprends tout à fait avec cette liste! et ça n’est qu’un exemple parmi des dizaines d’autres, ainsi mon esprit est sans cesse parasité, car je ne me répète pas ces listes une fois ou deux mais beaucoup plus dans une même journée!

J’ai toujours été une petite fille très anxieuse, avec une très grande angoisse liée à la mort, à la fois une peur et une attirance pour ce sujet, la peur de mourir, peur de perdre un proche, beaucoup de cauchemars sur ce thème… donc cette angoisse déjà existante et la séparation de mes parents qui est survenue, a créé une immense anxiété, que j’ai en fait ritualisé avec tous ces tocs en vue de me « rassurer ».

Cela se vérifie d’ailleurs encore maintenant, où je remarque que mes tocs s’accentuent toujours quand je ne vais pas très bien.

Cela dans mon fond me rassure, me calme.

J’ai aussi perdu tous mes repères avec cette épreuve d’enfance et faire tous ces rituels est aussi une façon de me réapproprier les lieux où je vais, où j’habite, mes objets (car je n’ai pas de tocs sur ce qui ne m’appartient pas ou n’appartient pas à mon enfant et mari), et ainsi mon « moi ».

Au quotidien, cela devient de plus en plus insupportable. Les tocs se sont en effet accentués avec le temps et j’avais tellement pris l’habitude d’en avoir que je ne m’en cachais pas auprès de ma famille(parents, amies, cousine etc) mais vivant seule, comme ils ne me voyaient que temporairement, ils ne se rendaient pas compte de l’ampleur et le fait de dire aussi facilement « j’ai des tocs », les gens ont tendance à penser que j’exagère et que j’ai « juste » des manies comme tout le monde mais pas que je suis malade.

Et puis vivant seule avant, lorsque l’on venait me visiter, j’arrivais à me contrôler sur mes pulsions de rangement, vérifications etc donc personne ne s’en rendait trop compte, mais sitôt partis, je me « réappropriais » « mes » lieux en en faisant de plus belle, comme pour effacer toute trace de leur passage.

Je repense à mon père souvent un peu moqueur qui me voit fixer sa plaque de cuisson longuement, et me dit en rigolant « tu vas nous allumer le gaz à force », mais sans s’imaginer du sérieux de mon cas!

Ma maladie s’est clairement aggravée le fait de vivre toute seule, car personne pour me stopper dans cette infernal cercle vicieux.

Et maintenant que je suis mariée, au quotidien ça me parasite et me gâche la vie ainsi que celle de mon entourage.

Je donne toujours l’impression de ne pas être « présente », de ne pas profiter des plaisirs de la vie quotidiennes, par exemple si ma famille vient manger, je pense plus au rangement et aux « tocs » qui m’attendent après leur départ, que profiter pleinement d’eux, ce qui fait que l’on a l’impression parfois que je suis peu chaleureuse, sauvage et n’aime pas recevoir, mais ceci vient majoritairement de mes tocs!

C’est très prenant car au final je n’apprécie pas la vie car mon esprit est sans cesse parasité par des pensées obsessionnelles, des vérifications visuelles, des « listings » dans ma tête, cela finit par me faire perdre beaucoup de temps dans une journée, par entacher ma pratique religieuse, car je ne me concentre pas sur l’essentiel, par me rendre parfois lunatique et très stressante pour mon mari, car me voir sans cesse me lever du canapé, ramasser la moindre miette ou jouet mal rangé par exemple, sans cesse faire tous ces tocs, et perdre tout ce temps au lieu d’en profiter avec lui et notre enfant, finit forcément par impacter sur la vie familiale et ainsi par le stresser aussi ,surtout qu’il se sent impuissant et que c’est une maladie complexe très dure à comprendre.

De plus, cela me provoque à force une réelle fatigue visuelle et un état de fatigue général car je mets toute mon énergie au service de ces tocs.

Je pourrais aussi j’en suis sûre être une meilleure épouse et mère si je n’avais pas cette maladie car je serais plus disponible physiquement et mentalement.

Je suis consciente que cela n’est pas facile à comprendre et peut même parfois porter à rire.

Cela vient aussi quand on analyse bien d’un grand manque de confiance en soi…

En conclusion, j’aimerais vraiment guérir et être enfin bientôt sereine dans ma tête et naturellement m’abstenir de tout cela inchaAllah, fini les pensées parasites, les rituels etc…

Auriez-vous quelques conseils à me donner pour réussir à mieux vivre avec ces tocs ?

Crédit photo