Nous étions en 1998 quand j’ai entendu pour la première fois parler de la France « Black, Blanc, Beur ». Une douce illusion qui nous amène aujourd’hui à nous demander où est finalement passée cette jolie France métissée ? Celle dont on vantait l’unité et la riche diversité. Elle ne semble n’avoir été qu’un mythe.

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En effet, le lendemain de la victoire en Coupe du monde, les Français semblaient se découvrir les uns les autres. Riches et pauvres, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes célébraient côte à côte le prestigieux trophée. La France entière s’illuminait sans se soucier de la couleur ou de la classe sociale de son voisin de palier. Tout était devenu possible, même la communion entre des hommes de tous les horizons, même l’intégration, même le succès. Pour une fois, on ne parlait plus de la violence latente des banlieues mais de la ferveur de leurs habitants. La France pluriculturelle se réveillait comme un seul Homme, au grand jour. C’était beau. Visiblement trop beau.

C’est que nous sommes un peu forcés de constater qu’aujourd’hui chacun a retrouvé son quotidien et son cortège d’exclusions. Après la victoire de l’équipe multiraciale d’Aimé Jacquet, les politiques n’ont malheureusement pas su saisir la balle au rebond et le black tout comme le beur, se sont retrouvés à nouveau rangés dans la catégorie du Français de seconde zone.

Non bien mieux, à mon sens, dans ce slogan « Black, Blanc, Beur » où se situe la communauté asiatique ? La grande oubliée de France. Une France qui semble avoir énormément de mal à s’accepter comme elle est et qui s’emprisonne à perpétuité dans une mentalité désuète et blessante.

Il n’y a qu’à considérer le cas Zidane pour s’en rendre compte. Il était Français quand il a gagné la coupe du monde. On s’est empressé de rappeler qu’il était Algérien quand en juillet 2006, le buteur part sur un coup de tête d’un autre genre, et la France perd. On ne manque pas de rappeler que celui que l’on a érigé en modèle avait été un sacré collectionneur de cartons rouges durant sa carrière : le voyou couvait sous la glace. La mort de l’utopie plurielle est consommée, un an avant l’élection de Nicolas Sarkozy.

Alors nous sommes tous plus ou moins doués en matière de constatations mais que faudrait-il concrètement faire pour retrouver la douce euphorie de la France « Black, Blanc, Beur » ou plutôt la concrétiser de manière durable ?

Je pense qu’on peut trouver des éléments de réponses au niveau des fameux « quotas ». Au lieu de s’attarder sur les déviations ou non racistes dans le milieu du sport par exemple, l’intérêt serait peut être de se pencher sur la rareté de dirigeants noirs, et d’origine arabe (n’oublions pas la communauté asiatique), dans le milieu professionnel en général. Et à ce niveau, le problème n’est pas spécifique à la France, il est surtout européen. On compte sur le bout des doigts les techniciens et dirigeants de couleur dans les 5 grands championnats européens, alors qu’ils sont représentatifs sur les pelouses.

Malheureusement, il y a toujours eu des préjugés sur les personnes venant d’Afrique (essentiellement), on les enferme dans leur force et on nie chez eux une certaine intelligence. L’absence de grandes figures de couleur en tête de file, voilà qui conforte ces préjugés-là.

Jessica BEAUFORT