La loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public en France est maintenant en application depuis presque deux mois. Lors des débats animant ce projet de loi, nous avons eu droit un florilège de discours et de prises de position tous plus alambiqués les uns que les autres.

Improvisés exégètes, spécialistes du fait religieux ou bons samaritains défendant le droit à l’impudeur (hic !), nos politiques ont usé de toutes leurs contorsions rhétoriques pour prouver que cet habit n’est pas « islamique » mais « culturel », avant de se tourner par échec, vers le souci de sécurité dans l’espace public.

Qu’en est-il vraiment de ce voile intégral ? Découvrons-le en 4 questions.

Qu’est ce que le voile intégral ?

Appelé « burka » à tort durant cette campagne de chasse aux sorcières, le voile intégral désigne un vêtement couvrant totalement ou partiellement le visage. Il est un « sittar » lorsqu’il couvre entièrement le visage, et un « niqab » lorsqu’il laisse apparaître les yeux.
Mais en aucun cas il ne doit être linguistiquement réduit à la « burka », mot désignant l’habit typiquement Afghano-Pakistanais composé d’une grande pièce d’étoffe couvrant tout le corps de la femme du haut de la tête aux pieds, traditionnellement de couleur bleue (mais aussi jaune ou noire).

Le voile intégral existait-il avant l’islam ?

Les plus anciens voiles intégraux, d’après les témoignages iconographiques, proviennent de Grèce et sont datés du 5ème siècle avant J-C.
Porté aussi plus tard par les bédouines d’Arabie, du Sinäi et du Neguev, il est plus ou moins orné (de pièces, perles ou coquillages), et sert tout autant à préserver la pudeur féminine qu’à protéger les voies respiratoires des sables et du vent.
On le retrouve aussi au Moyen-âge dans diverses régions du Moyen-Orient, comme en témoignent plusieurs miniatures, ainsi qu’à Malte et en Sardaigne.

Le voile intégral apparaît-il dans les textes religieux ?

Il est évoqué dans la bible, au Cantique des Cantiques « Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes, Derrière ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. » (IV, 4-1).
On le retrouve également en islam dans de nombreux hadith, dont le plus connu nous vient de notre mère Aïcha : « Des cavaliers passaient à côté de nous alors que nous étions en pèlerinage avec le prophète salallahou ‘alayhi wa salam. Alors nous couvrions nos visages, et dès qu’ils nous dépassaient, nous les découvrions ».
Trouvant ainsi naissance dans une tradition féminine ancestrale, il a été sacralisé puis légiféré par les textes religieux (il faut noter cependant en ce qui concerne l’islam, que les savants religieux ont statué différemment quant à son port, mais sans jamais nier son lien avec la religion musulmane).

Quelle est la réalité du voile intégral aujourd’hui ?

Le voile intégral est porté aujourd’hui presque exclusivement par des femmes de confession musulmane, toutes cultures confondues, tout autour du monde (Maghreb, Mali, Yemen, Angleterre, France, Arabie, Malaisie, Inde …).
On le retrouve aussi en Sardaigne, sous le nom de « su lionzu » (voile court dont la partie basse se rabat devant le visage pour ne laisser voir que les yeux), où il est porté en tant que costume traditionnel et folklorique féminin.