Article écrit par Manal

Salam Aleikoum chères sœurs,

La rentrée des classes est arrivée et c’est avec un brin de résignation que je viens témoigner pour toutes ces sœurs qui comme moi, sont des « hijabeuses » sur les bancs de l’école. Donc je me présente, je m’appelle Manal, j’ai 16 ans et je vis dans une famille très croyante al hamdoulillah, j’ai donc eu la chance de baigner dans la religion depuis mon plus jeune âge. Mon père a reçu une éducation très religieuse et a pu apprendre entièrement le Coran très jeune, ma mère quant à elle enseigne bénévolement le Coran et les sciences islamiques à  un groupe de femmes. MachaAllah, que Dieu me les garde.

J’ai toujours eu conscience de mes devoirs religieux, comme celui du hijab, et je porte donc le voile al hamdoulillah. Rien de fantastique  jusqu’ici me direz vous, mais l’année dernière j’ai fait ma rentrée dans un grand lycée, l’un des meilleurs de France aussi, al hamdoulillah, mais voilà ce lycée n’était d’un autre côté pas très bien vu par la communauté musulmane. Il était donc clair que la pratique de la religion serait vraiment quelque chose de difficile, voire d’impossible. Ce lycée d’élite ne comporte d’ailleurs pas ou très peu d’élèves d’origine étrangère comme moi.

Cette année fut donc très éprouvante pour moi car chaque jour, ou presque, je recevais des « piques » des élèves qui me voyaient comme une extraterrestre, à porter des manches longues en été et à trainer en bonnet dans les couloirs jusqu’au mois de mars (j’habite dans le sud de la France, et ici il fait très chaud en été et le soleil pointe le bout de son nez dès le mois de février), j’ai reçu et encaissé des affronts de toutes parts. De la part, des élèves qui n’hésitaient pas à critiquer ma façon de m’habiller et à me railler «  t’as pas froid, toi quand par 30° t’es en manches longues, longue tunique et pantalon ?! ». Mais aussi de la part des profs, qui ne me calculaient pas, ou presque pas, l’un d’eux m’a d’ailleurs dit un jour  « t’as de la chance d’avoir de très bons résultats, mais surtout d’avoir un physique qui n’est pas atypique, tu nous ressembles beaucoup et c’est ça qui peut t’aider à faire quelque chose dans la vie, autrement tu n’aurais aucune chance ». Cette phrase m’a longtemps fait réfléchir et m’a beaucoup choquée. Est-ce qu’il faut ressembler à monsieur et madame « tout le monde » pour avoir une place dans ce pays ? J’ai décidé que non, et que c’est grâce à ma différence que je ferai LA différence.

J’ai toujours été de nature positive, même en temps difficile je préfère voir la vie du bon côté. Al hamdoullilah ‘Ala koulli hal (la louange est Allah, en toute situation).  Je suis une battante et je ne suis pas prête de baisser les bras ! Au contraire c’est dans les moments les plus difficiles que j’ai pu me rendre compte de la chance que j’avais d’être sur le bon chemin, et de continuer ainsi pour acquérir l’entière satisfaction d’Allah azawajjal. C’est aussi dans ces moments là que je pense à toi, oukhty fillah, qui comme moi vis les mêmes épreuves au quotidien. C’est donc durant cette année très éprouvante que je me suis sentie plus proche d’Allah, et j’ai pu beaucoup apprendre sur moi, et ma persévérance et ma foi n’ont cessé d’augmenter al hamdoulillah.

J’ai changé de lycée en ce début d’année, pour rejoindre un lycée plus « cosmopolite » ou j’aurai droit à un traitement plus équitable inchaAllah. Car Dieu seul sait à quel point j’ai pu souffrir de ces offenses au quotidien ! Je ne compte pas m’arrêter là inchallah, et compte aller le plus loin possible avec l’aide d’Allah le Très Haut. Mon objectif est ainsi de finir mes études et me battre à plein temps pour les injustices que vivent les sœurs comme moi !

Ô, oukhty fillah, ne perds pas espoir et bats toi, pour toi mais aussi pour nous toutes !