Mardi 2 octobre 2012, 15h10 : je réussis enfin à me procurer l’autobiographie de Mélanie Georgiades (ex-rappeuse connue sous le pseudonyme de « Diam’ s »).  Depuis 3 jours j’arpente les librairies pour le dénicher mais toutes sont en rupture de stock, aussi « surprises » les unes que les autres par l’engouement que génère cet ouvrage. Un ouvrage très attendu, de façon plus ou moins bienveillante d’ailleurs. Ecrit de façon simple et généreuse, Mélanie s’y livre,  s’y raconte, s’explique. Une Mélanie comme on l’a toujours perçue : sensible et vraie. Parce qu’il faut dire que même dans son passé d’artiste, une sincérité touchante et humble a toujours émané de sa personne. C’est à cela que l’on reconnait les gens biens, pour sûr.

Je le lis d’une traite.

Cette autobiographie mène le lecteur peu à peu à une problématique centrale : pourquoi vit-on ? Pour qui ? Pour quoi ? Mélanie, à travers son récit,  met le doigt là où ça fait mal : l’important ne sont pas tant les réponses (car celui qui cherche sincèrement la vérité arrivera tôt ou tard à l’Islam), mais se pose-t-on les bonnes questions ?

Ce livre, au-delà de la simple autobiographie, se ressent comme une prise de conscience : Mélanie nous transporte tour à tour dans une enfance entre la France et la Grèce, dans le faste du succès, dans le désœuvrement d’un internement psychiatrique, dans le néant de la dépression, dans l’enfer des neuroleptiques, dans des voyages bienfaisants à l’Île Maurice, dans la découverte d’une foi, dans la volonté de réformer sa vie dans le bien, dans la difficulté d’être une musulmane voilée confrontée à l’incompréhension et l’ignorance, dans le don de soi, dans la sérénité retrouvée. Notoriété grisante, souffrance insidieuse, méditation et espoir. Un sage ne disait-il pas « Qui ne progresse pas vers Dieu en considération de la faveur des bienfaits quIl lui accordeest traîné vers Lui par la chaîne des épreuves » ? L’histoire de Mélanie en est l’exemple vivant.

«  Le succès a bouleversé ma vie de femme, mais aussi ma vie tout court […]».

«  Le succès allait grandissant. Toutes les marques se bousculaient pour m’habiller et me faire cadeau des derniers objets à la mode : téléphones, appareils photo, ordinateurs, baskets en pagaille […]. Je disposais de tout gracieusement sans avoir besoin de ne rien faire. […]Quelques années plus tard, lorsque je serai au cœur d’un scandale sur fond de foulard islamique, plus une seule de ces centaines de marques ne me donnerait quoi que ce soit, ni même ne voudrait être liée de près comme de loin à mon image. »

« Vendre du rêve, de la pacotille, des fausses voitures, des faux ongles, des faux cheveux, des fausses filles, des faux mannequins, des fausses maisons, des faux couples, des fausses voix, des faux sourires… Du faux bonheur » 

« […] J’avais le sentiment que me jeter à fond dans la musique donnerait un sens à ma vie. Dés que j’étais seule, et que je redevenais Mélanie, je ne pouvais que faire le constat de mon mal-être, de ma carence d’amour, de mon manque de repères. Je me réfugiais dans mes projets. »

« […]Certains se noient dans l’alcool, les médicaments ou la drogue, d’autres dans les soirées, dans une passion ou une obsession quelconque ; moi, je me suis noyée dans mon mal-être, dans mon mal de vivre qui me dépassait totalement. Jusqu’au jour où j’ai craqué pour de bon, chez moi, à l’abri des regards, quand dehors tout le monde me pensait invincible,  indestructible, indétrônable. Foutaise. Je me sentais la femme la plus inutile qui soit, la plus triste que la terre ait jamais portée ».

« Loin de t’aider (en clinique psychiatrique) à trouver l’issu du labyrinthe, on te fait dormir un instant de ta vie en espérant qu’au réveil tu auras oublié qu’ils sont bien incapables de t’indiquer la sortie ».

«  Les médocs avaient un effet puissant sur moi. La nuit, ils me permettaient de plonger dans le plus profond des sommeils, la journée ces « régulateurs d’humeur » me donnaient le sentiment de n’être ni mal ni bien. A ce stade de « folie » c’était déjà énorme pour moi. C’était comme des cachets de survie ».

  

Un ouvrage aussi dans-lequel on « re-découvre » le Coran, à travers  la perception qu’en a eu Mélanie lors de sa lecture: ce Coran que l’on ressent à nouveau avec l’émerveillement des débuts, les yeux humides et le cœur rempli d’espoir, ces paroles parfaites pour les « gens qui réfléchissent ». Cet « éblouissement » que beaucoup d’ailleurs parmi nous ont oublié, perdu, délaissé au profit d’un cœur dur et dangereusement négligent.

« Le front et le nez collés au sol, les mains posées à plat sur le parquet de la chambre de Charlotte, ce soir de décembre, je me suis prosternée […] Jamais de ma vie je ne m’étais retrouvée dans cette position et, pour la première fois, j’ai eu la sensation réelle de m’adresser à Dieu […] Je me souviens d’avoir murmuré « Ô mon Dieu, Toi Qui m’entends, soigne mon cœur, je T’en supplie, soigne-moi, je vais si mal, si mal ».

«  [Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but, et que vous ne seriez pas ramenés vers Nous ?] -Coran sourate Les Croyants, verset 115. Ce genre de verset me laissait sans voix. C’est vrai ça, avais-je même réfléchi à ma propre création ? A la raison de mon existence et à mon rôle sur terre ? M’étais-je un jour demandé qui m’avait dotée de l’ouïe, de la vue, de l’odorat ? Qui m’avait donné la maîtrise de mes mouvements, la capacité de marcher, penser, raisonner, écrire, parler ? On regarde le nouveau-né en oubliant que nous-mêmes étions aussi petits, faibles, fragiles ; on devient ensuite adulte au corps et à l’esprit si complet, mais médite-t-on sur tout cela ? Je m’endormie sereine, la tête bercée pas ces réflexions. Je comprenais tellement de choses sur la vie. Tellement. »

« […] J’avais l’impression d’avoir trouvé dans ce livre (Le Coran) un trésor, dont il me faudrait prendre soin toute ma vie. Jamais je ne voudrai m’en séparer tant il ne pouvait que m’éclairer sur le bien et le mal qui m’entouraient, mais surtout m’apprendre à connaître Dieu, et donc L’aimer ».

«  J’ai jeté tous mes médicaments à la poubelle, comprenant qu’ils ne m’étaient plus utiles. Je ne voulais plus fuir, désormais c’était même le contraire. Je souhaitais vivre, profiter, aimer, rire, découvrir, partager. J’avais enfin trouvé un sens à ma vie. Je n’avais plus peur de réfléchir, je n’étais plus livrée à moi-même. Je n’étais plus seule. Dieu me voyait, Dieu me protégeait, Dieu m’aimait. Et, désormais c’était auprès de Sa parole que je vivrais ».

«  Mon bonheur n’était pas dans un studio, ni dans une vie d’où jaillissaient mille paillettes qui retombaient sur moi comme des pierres en me blessant. Mon bonheur est d’avoir trouvé un sens à ma présence sur terre, et auprès des autres et il a commencé le jour où j’ai ouvert les yeux et le cœur sur la grandeur et la beauté de la création ».

 

A la fin de la lecture de ce livre j’ai finalement  3 envies :

• Retrouver le Coran avec la sincérité, la « naïveté » et l’émerveillement des premiers pas.

• Visiter l’Île Maurice

• Faire le point

En somme, un livre « thérapie » pour le lecteur, un livre « partage » pour Mélanie, bref, un livre qui fait du bien.

Loin des strass et des paillettes, Mélanie a rencontré le bonheur, son bonheur et il lui va bien. Le diamant a trouvé son écrin.