Asma GUENIFI, présidente de l’association répondant au nom poétique de « Ni P***, ni Soumise » a tenu tribune dans Libération et a fait une analyse sociale et sociétale toujours aussi objective et pertinente que d’habitude. Après Fadela Amara, étudions la nouvelle perle de ces ’’’défenseuses ’’’’ des droits des femmes qui se permet encore une fois de prendre la parole à la place des femmes voilées. En tant que femmes musulmanes, nous reprenons donc la parole suite à ses propos.

L’amalgame sciemment choisi entre le drame atroce subi par Sohane Benziane en 2002 et la thématique récurrente des femmes voilées est simplement insoutenable et inacceptable. 

« Le principal problème reste le retour au communautarisme. On voit de plus en plus de femmes voilées, sans qu’aucune mesure ne soit prise. » Et quelle serait votre solution madame Guenifi ? Arracher le voile des récalcitrantes pour les libérer de force ? C’est donc là votre définition du féminisme et de la défense du droit des femmes ? Le problème, c’est qu’au lieu d’être solidaire des violences que subissent TOUTES les femmes, vous avez décidé de vous battre contre celles qui ne répondent pas à vos critères de la femme libérée et épanouie. Permettez-moi de vous dire que vos propos, ainsi que ceux de nombreuses autres personnes, représentent bel et bien des violences verbales à l’encontre des femmes musulmanes. Votre cheval de bataille reste le même, vous vous trompez d’ennemi et votre discours est formaté et biaisé par votre mépris de la femme voilée.

« On peut lire dans la montée de l’intégrisme et du nombre de femmes voilées un retour vers l’oppression de la femme. » Il va falloir me démontrer en quoi la mini-jupe et le talon aiguille représentent un acte de libération venant en opposition avec le couvrement. Cela amène également à une autre question ; laquelle de ces deux tenues vestimentaires suscitera le plus, le contentement de la gente masculine ? A cela j’entends déjà votre réponse qui revient comme le leitmotiv des pseudos féministes à savoir que vous vous habillez de cette façon pour vous seule et que les hommes n’ont pas à perdre la tête. Je vous réponds tout simplement que vous vous voilez la face !

Sortez de ces clichés fantasmés du musulman de banlieue misogyne violent et de la pauvre fille voilée aliénée. Construisez une action de défense des femmes dans leur diversité. Inculquons à nos jeunes l’amour, la responsabilité, la citoyenneté, la tolérance, le respect et l’importance du corps qui ne doit plus être perçu comme un amas de chairs consommables par le plus fort. Débanalisons la sexualité et cette fameuse « liberté sexuelle » au nom de laquelle il n’est plus possible de se promener, de regarder la télévision, d’allumer l’ordinateur et même de lire un livre sans être happé par cette hyper-sexualisation ambiante.

La différence entre nos deux conceptions de la défense des femmes c’est que je protègerai n’importe quelle femme ayant à subir des attaques. J’estime que de la même manière que j’ai choisi en mon âme et conscience d’adopter le hijab, vous avez le droit de votre côté de vous vêtir comme bon vous semble. Et vous, qui semblez dévouer votre vie à la défense de la cause féminine, où étiez-vous pendant la mise en place de toutes ces lois anti-foulard, visant donc expressément des femmes ? Où êtes-vous au quotidien quand ces mêmes femmes voilées (soumises à Dieu, libres, fières et consentantes) subissent au quotidien des brimades, de la haine et des violences ? Eh bien malgré vos propos où vous clamez une volonté libératoire des femmes, vous êtes en première ligne pour tirer à boulets rouge sur tout un pan de vos consœurs.

Les mentalités doivent être réformées en profondeur pour tous et partout. Arrêtons de regarder des problèmes globaux par le tout petit bout de la lorgnette. J’en conviens, ce petit bout est plus vendeur et médiatique et il est plus facile de racler en surface que de traiter les problèmes en profondeur et dans leur globalité. Ayons l’honnêteté intellectuelle et humaine de ne pas aller vers l’opportunisme sur un sujet aussi important que celui de la dignité DES femmes.