Rencontre avec Marie, Laura et Nour El Houda. Trois femmes, trois vies, trois visions du mois de ramadhan dans la solitude :

ramadhan isoléSalam Aleykoum wa rahmatoullah wa Barakatuh,

J’ai lu votre appel à témoin sur les personnes isolées pendant le mois du Ramadhan sur votre page Facebook et je m’y suis reconnue comme beaucoup d’autres musulmans dans ce cas, quelles qu’en soient les raisons.

Tout d’abord, je tiens à préciser que ce n’est pas particulièrement difficile pour moi d’être isolée pendant le ramadhan car je suis convertie et ma famille n’étant pas musulmane, je n’ai pas l’habitude de me retrouver en famille à cette période de l’année. J’envie ce partage dans les familles maghrébines, c’est vrai, car partager la sérénité et la foi si particulières à ce mois béni fait chaud au cœur.
Je suis musulmane depuis 3ans ; je me suis convertie à la suite d’une rencontre avec un marocain, nous nous sommes mariés, nous avons divorcé. Il m’a appris énormément de choses grâce à Dieu. Que ce qu’il a fait pour me guider dans la foi lui soit compté dans ses bonnes actions le jour du jugement.

J’ai 2 filles, la plus jeune (10 ans) est convertie à l’Islam mais cette année elles sont en vacances chez ma mère puis chez leur père. Nous nous sommes très mal organisées et je suis un peu triste que mes filles ne soient pas dans une atmosphère musulmane pendant le ramadhan. Incha Allah, l’année prochaine nous nous organiserons différemment.

Je veux juste vous dire que ce n’est pas difficile d’être seule pendant le ramadhan quand on est convertie, ça fait parti du package et que de toute façon on n’est jamais vraiment seul car Allah est avec nous. Nous sommes tellement gâtées par ailleurs que cela suffit à passer un bon ramadhan.

J’ai plus de peine pour les migrants qui viennent d’arriver, qui ne savent pas forcément où aller, qui n’ont pas encore tous les codes pour se débrouiller. Oui pour eux j’ai de la peine car j’imagine qu’ils ont l’habitude de passer ce mois en famille habituellement, ou tout du moins au sein d’une communauté majoritairement musulmane, et le changement doit être brutal.

Je vous souhaite un bon ramadan et un bon appétit =)

Marie , 36 ans, cadre dans le tourisme
Mère de 2 charmantes filles des 10 et 15 ans


Assalamou alaykoum,

Je m’appelle Laura, je vis sur la région Rhône alpes, et cela fait plus d’un an aujourd’hui que j’ai décidé de me convertir. Je viens d’une famille chrétienne composée de 7 filles, ma mère et mon beau-père (j’ai perdu mon père à l’âge de 4ans).
Ce choix n’a jamais été accepté ni par mes parents ni par mes sœurs. J’ai sans arrêt droit a des réflexions ridicules qui deviennent de plus en plus dur à supporter, alors qu’il est clair que depuis cette décision je m’épanouis de jour en jour et deviens une vraie femme, en tout cas une meilleure personne sans aucun doute. L’islam m’a apporté le soutien, l’amour dont j’avais besoin, et aujourd’hui je ne regrette pas mon choix ; et cette année j’ai décidé, que ça plaise ou non, de faire mon jeûne de ramadhan du mieux possible. Comme d’habitude j’ai le droit aux réflexions désagréables de mes sœurs, et en ce qui concerne mes parents, ils ne m’adressent plus la parole, je suis devenue une étrangère pour eux.
Cela me rend tellement triste, mais pour rien au monde je reviendrai sur mon choix, je n’ai jamais été aussi sûre de moi.
Je vis seule et je ne connais qu’une sœur dans la commune ou je vis ; en dehors j’ai une amie qui n’est pas musulmane mais qui me soutient, et je ressens une grande solitude.
Al hamdoulillah j’ai la religion pour tenir.

Laura


Salam wa aleykom,

Tout d’abord, je vous remercie d’avoir accepté ma demande d’ajout.
Je viens apporter mon témoignage par rapport à mon ramadan cette année.
Alors en fait, j’ai toujours vécu avec toute ma famille en Alsace ; je suis issue d’une famille très pieuse et dans laquelle le principe est que l’on passe de l’autorité de son père à celui de son mari. Pour moi, il était donc pas possible que je parte de la maison si ce n’est pas pour partir dans le foyer de mon mari.
Or, après avoir fait de longues études de droit, je ne trouvais pas de travail dans ma branche en Alsace et j’ai fini par accepter un poste en IDF, ça a été très difficile pour mon père d’accepter de me laisser partir.

Au final, il m’a laissé partir, après avoir discuté avec lui sérieusement et sans tabous (en gros, je lui ai expliqué que ne l’ayant jamais déshonoré en Alsace, je ne le déshonorerai jamais ailleurs). Ça fait presque 2 ans que je suis en IDF, célibataire, je passe le ramadan toute seule. Alors que chez mes parents, ça me « gavait » de rester attablés durant tout le repas, qui prenait de longs moment car c’était l’occasion de discussions familiales, …. Tout était prétexte à remettre en question : le ftour qui s’éternise, les invités pour le ftor, les tables trop copieuses, tout cela me faisais prendre du poids….

Aujourd’hui, je le regrette, car je me rend compte de la solitude et me remémore l’époque où je n’étais pas seule face à mon bol de soupe et mes 2 dattes pour couper le maghreb, devant la télé. Certes, je m’évade le soir pour aller prier à la mosquée de ma cité pour l’isha et le tarawih, mais malheureusement ce n’est que de courte durée et ne pourra jamais remplacer la convivialité et la chaleur de la famille.

Je souhaite réellement à tous ceux qui passent le ramadan seuls de ne pas rester éternellement seul car c’est assez pesant.

Asalam wa aleykom

Nour-El Houda