S’il y a une chose que l’on remarque au premier coup d’œil au sein de la communauté musulmane francophone, spécialement sur internet, c’est la récurrence de la passion dans la parole et l’action au détriment de la sagesse.

Sagesse : nom féminin. Qualité de quelqu’un qui fait preuve d’un jugement droit, sûr, averti dans ses décisions, ses actions. Qualité de quelqu’un qui agit avec prudence et modération.

Une communauté à vif, emportée dans le tourbillon de l’émotivité et de la riposte. Constamment.

Chaque affaire qui la touche de près ou de loin voit son lot de prises de position hâtives, de paroles agressives, calomnieuses, humiliantes. De condamnations injustes.

N’est-il pas temps de se réformer ? Veut-on continuer dans cette ambiance délétère ou choisissons-nous de donner une chance au changement ? Comment réussir à arriver à des jugements impartiaux et justes, à des paroles maîtrisées et mesurées  et à des actions en conséquence?

Voici quatre clés pour amorcer le premier pas. Quatre clés pour dépassionner les débats.

Ai-je des informations justes ?

C’est la première question à se poser.

Nous vivons dans un monde saturé d’informations en tout genre, en permanence. De la plus sérieuse à la plus saugrenue, il nous est finalement très difficile de démêler le vrai du faux. Tout va très vite, trop vite et ne laisse pas le temps à la réflexion. Et ce qui nous paraît comme vrai et juste ne l’est pas nécessairement une fois sorti du contexte du virtuel.

Alors plus que jamais il est nécessaire de s’interroger systématiquement à ce propos, sincèrement.

Et si c’était moi ?

Et si c’était moi ? Et si cela avait touché ma mère ? Mon frère ? Mon enfant ? Aurais-je réagit de la même manière ? Aurais-je prononcé les mêmes mots ? Aurais-je porté le même jugement ?

Ramener les évènements à soi permet de prendre du recul sur sa propre réaction et d’éviter bien des dégâts causés par les mots ! Une attitude salvatrice à adopter.

Quels souvenirs de moi ?

De mon compte Facebook, de mes publications Twitter, de mes commentaires, que restera-t-il ? De ma tombe, de mon linceul, de mon livre, que sortira-t-il ?

Avant de taper sur notre clavier, renseignons-nous de l’intérieur. Demandons-nous quelles traces nous laissons. Quels souvenirs laissons-nous derrière nous. Veux-tu que ce soit par ces mots-ci que l’on se rappelle de toi une fois que tu auras quitté ce monde ? Chaque parole remplit le livre de ta vie, rappelle-toi toujours de ceci.

Détester l’acte, pas la personne.

Ici on ouvre la porte sur une qualité bien difficile à acquérir et pourtant indispensable: l’humilité.

A l’image du Prophète Muhammad (salaLLahou ‘alayhi wa salam), qui, lorsque Wahshi l’assassin de son oncle Hamza lui demanda allégeance, l’accepta en ne détestant pas sa personne mais seulement son acte. Parce la meilleure des créatures (salaLLahou ‘alayhi wa salam) savait que l’être humain est faible, influençable et tenté par shaytan en permanence.

Alors soit humble dans tes échanges et dans tes mots. Car toi aussi, comme nous tous, tu as un jour fauté.

[hr]

J’ai écrit cet article après avoir visionné une vidéo dans laquelle on voit un père accorder son pardon à l’homme impliqué dans l’assassinat de son fils. Elle m’a secouée. Là où certains y verraient une sorte de faiblesse, il y a en vérité une force inouïe ainsi qu’une grande leçon pour nous. Leçon collective mais surtout individuelle. Car le changement viendra de chacun de nous, de l’intérieur de nous, individuellement d’abord.

Emilie L