Témoignage de Cam

Je suis mariée depuis quelques temps maintenant et ma cérémonie fut quelque peu… rocambolesque ! Voici mon histoire…

injection amour

J’ai depuis toujours souhaité une cérémonie « pas prise de tête », premièrement car je n’aime pas organiser (devoir appeler les invités pour les convier personnellement, penser à chaque détail, etc. : pas pour moi !) et deuxièmement -et surtout- parce que les mariages les plus gros auxquels j’ai pu assisté se sont tous, ou presque, soldés au pire par un divorce, au mieux par des disputes conjugales liées à l’argent (là encore, pas pour moi !). Quand petite je disais à ma mère vouloir faire des grillades pour mon mariage, elle avait rapidement compris que je ne ferai pas dans la sophistication ni dans le traditionnel.

D’ailleurs, celui que j’avais choisi était parfaitement d’accord avec mes souhaits de cérémonie. Nous nous sommes rencontrés quelques mois auparavant dans des circonstances déjà particulières, et nous souhaitions rapidement ne plus être dans une situation de haram en parlant à une personne du sexe opposé et encourant ainsi la Colère d’Allah.
Nous avions chacun un passé marital qui nous a aidé à savoir ce que nous attendions d’un mariage et ce que nous refusions catégoriquement. Tout était mis à plat, aucun de nous deux ne jouait de rôle, la salat istikhara en boucle et l’honnêteté ont fini par payer : nous allions nous marier par la grâce d’Allah.

J’avais donc décidé d’organiser une sorte de gros goûter avec du thé, des gâteaux et quelques dragées pour faire plaisir à ma maman ainsi qu’à mes amies qui tenaient absolument à une petite fête pour marquer le coup avant mon grand départ. Si cela ne tenait qu’à moi, on aurait fait le halal autour d’une bouteille d’oasis et des Granolas et chacun serait rentré ensuite chez soi.

Puis ma maman tenait à ce que je porte un caftan, une de mes amies insistait pour que je fasse un effort quant à ma coupe de cheveux, une autre pour que je fasse le fameux henna… J’ai cédé à chacune de leurs demandes, plus pour leur faire plaisir que pour moi-même. Je me rappelle avoir fait des dou’as à maintes reprises pour que ce soit le plus simple possible. Mon mari descendant du Nord vers le Sud était déjà une complication à mes yeux, puis mon déménagement vers le Nord, je trouvais qu’il y avait déjà suffisamment de choses à régler pour m’en rajouter avec ce que je considérais comme vraiment futile.

Et arriva enfin la semaine du mariage. Sauf que, suite à une opération durant laquelle j’ai failli y rester il y a quelques mois, j’ai eu des problèmes médicaux qui m’ont obligée à être hospitalisée. Je suis sortie une première fois contre avis médical, mais le lendemain je me retrouvais à nouveau aux urgences donc obligée de me rendre à l’évidence : tout ce qui était initialement prévu tombait à l’eau.

Celui qui allait devenir mon mari a tout de même voulu maintenir la date et nous avions donc convenu que le halal se tiendrait avec la présence de mes parents, ma fratrie, de l’imam et des témoins, mais… sans moi.

Le jour J, alors que j’étais encore hospitalisée, mon futur mari rencontra des difficultés incroyables qui ont failli lui faire rater son train à quelques minutes près (une grève de dernière minute, des bouchons plus important qu’à l’accoutumée, une pluie diluvienne et j’en passe). Puis il arriva enfin à M. et ma famille accueillit son futur beau fils. Même si d’un point de vue religieux il n’est pas obligatoire pour l’épouse d’être présente à son mariage, et malgré ma volonté extrême de rester dans la simplicité, j’avais néanmoins prévu d’y assister ce jour-là, ou au minimum être dans les parages. Sauf qu’Allah en avait apparemment décidé autrement…

Je regardais frénétiquement l’heure défiler sur mon téléphone 12h, 13h, 13h30, 14h…, ma petite soeur m’envoyait des textos très touchants, ma mère essayait de se contenir mais sa voix trahissait sa pensée, quant à mon futur mari, il essayait de me rassurer en me rappelant qu’il serait bientôt là mais je n’ai pas pu me résoudre à accepter mon absence à ma propre cérémonie.

Ni une, ni deux, je me lève de mon lit d’hôpital et commence à arracher les perfusions que j’avais au bras, en disant que je devais absolument m’absenter quelques heures. Les médecins, habitués à mon désamour non dissimulé pour l’hôpital, n’avaient pas confiance et ont accepté à contrecœur de me laisser partir pour l’après midi. Il a fallu que je leur montre que je laissais la plupart de mes affaires pour qu’ils signent enfin l’autorisation de sortie, c’est dire s’ils avaient confiance ! Je mis mon voile en vrac et appelai ma soeur afin qu’elle vienne me récupérer. « Advienne que pourra, ya Allah s’Il te plait fasse qu’il ne m’arrive rien jusqu’à ce soir » je me répétais sans cesse cette phrase avant d’atteindre sa voiture.

J’arrivais enfin chez mes parents, croisai le regard de mon futur époux très furtivement et tout s’est fait en quelques instants, à la dernière minute, j’avais demandé à Allah de la simplicité, j’ai été servie :-). Le retour à la réalité le soir venu fut violent, et chaque jour suivant mon mari vint me voir. Puis, pour des raisons professionnelles, il dut remonter dans le Nord et je l’ai donc naturellement rejoint à ma sortie. Du coup, la fête n’a pas été célébrée, plus simple que ça, je n’aurais pas pu.

Al hamdoulillah nous sommes aujourd’hui mariés, j’espère que mon mari et moi nous souviendrons souvent de la motivation que nous avions eu ce jour là, et à quel point nous avons surmonté chacune des épreuves qui auraient, dans d’autres circonstances, eu raison de notre fatalisme habituel.

Puisse Allah permettre aux célibataires de garder espoir et confiance en Lui jusqu’au jour où Il leur accordera la possibilité de se marier, puisse-t-Il permettre à ceux qui sont déjà unis de rester soudés face à l’adversité qu’Il aura décrété et ne pas tomber dans le piège très facile et tentant qu’est le divorce, puisse-t-Il permettre à chacun d’entre nous de rester fort et digne face à Ses épreuves, quelles qu’elles soient et évidemment -et surtout !- qu’Il nous accorde le Paradis !