Par Pauline de landscapture.com

Après avoir vécu quelques temps à Dubaï et testé la superficialité du Golfe, il me fallait découvrir la facette authentique de la péninsule arabique. La décision était prise, les valises bouclées, direction le Sultanat d’Oman.

De l’aéroport international de Seeb, la route qui mène à Muscat semble étriquée entre la mer et la montagne, deux éléments majeurs autour desquels gravite la vie des Omanais. Aucune construction massive ne vient perturber ma vue, comme si la folie immobilière des Émirats voisins s’était arrêtée à la frontière.

Loin des standards européens, la ville s’étire sur près de 50 km le long du Golfe d’Oman. Puissance maritime connue à travers le monde, Muscat fut le fief des colons Portugais au XVIème siècle. A l’est, deux forts dominent la vieille ville : Al Mirani et Al Jalali, vestiges de cette époque révolue. Entre ces deux forteresses, s’érige aujourd’hui le Palais Al Aman, l’une des résidences de sa Majesté, le Sultan Qaboos. Cet édifice à la fois contemporain et traditionnel ne se visite pas, mais croyez-moi, son style inclassable et fantasque en fait une belle attraction !

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Il faut reprendre la voiture pour atteindre le quartier de Mutrah et la Corniche. Le soleil est au zénith et la température avoisine les 50°C… La première chose qui frappe mon regard est cette sublime mosquée en mosaïque bleue, qui regarde sans prétention, la mer d’Arabie et les dhows (bateaux traditionnels) qui dansent devant elle. Guidée par les effluves d’encens (et à la recherche de fraîcheur), je m’engouffre dans une petite ruelle à droite. Me voici arrivée au cœur du souk, dédale d’allées et d’échoppes qui réveille mes sens :  siwak, musc, encens, nigelle, miel… des produits locaux qui font la richesse du pays et le bonheur des visiteurs !

Lorsque le soleil décline, la corniche s’anime. Les Omanais viennent s’y détendre et profiter de la douce brise venue du large. Vous y croiserez des couples, des familles ainsi que des hommes assis sur les bancs attendant patiemment l’Adhan.

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Avant Isha, je pars vers l’est pour la mosquée du Sultan Al-Qaboos. Édifice époustouflant et remarquable par sa grandeur, elle affiche une superficie de presque 420.000 m² et une capacité d’environ 20.000 fidèles… Loin de connaître toutes les mosquées du Golfe, elle est pour moi la plus belle, la plus élégante et surtout beaucoup moins tape-à-l’œil que ses « consoeurs », Jumeirah Mosque (Dubaï) ou Sheikh Zayeed Mosque (Abu Dhabi).

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Après cette première journée riche en découvertes, je m’assoupis dans ma chambre climatisée en pensant au lendemain et aux surprises qui m’attendent !

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Au petit matin, je quitte la capitale en direction de la région d’Al Dakhiliyad. La douceur du littoral cède peu à peu place aux plateaux arides et désertiques. De temps en temps, quelques oasis et villages rompent la monotonie du paysage. Au loin se dessine une oasis gigantesque, d’un vert éclatant. Je tente alors de me ressaisir, le soleil m’aurait-il déjà trop cogné sur la tête ? Rien de cela, j’arrive à Nizwa, l’ancienne capitale, prisée autrefois par les intellectuels et les poètes. Ici je n’ai visité que la citadelle, mais sachez que si vous avez la chance de vous y rendre un vendredi, vous pourrez participer au marché aux bestiaux, véritable institution ! Bref, je reviens donc au fort de Nizwa, édifice imposant par sa taille et très enrichissant par ses collections d’objets anciens. Ne vous attendez pas à voir une ruine, le fort à été intégralement restauré, ce qui n’enlève en rien de sa beauté !

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Je quitte Nizwa, pour prendre la direction du Sud, la région d’Ash Sharqiyah. Pour rejoindre la côte, encore faut-il traverser le Désert de Wahiba, mer de sable aux couleurs ocres.

Le prochain arrêt est prévu au Wadi Bani Khalid , l’une des plus belles oasis du pays. Je quitte donc l’autoroute, continue sur une route moins fréquentée, pour finir sur une piste ! Au bout du chemin, quelques véhicules sont stationnés. Je longe alors les falajs (canaux d’irrigations) et suis les cris des enfants, qui me mènent à une immense piscine naturelle, d’un bleu émeraude. Le ciel est menaçant, les premières gouttes viennent à tomber… Quelques locaux, habitués des lieux, s’empressent de venir nous avertir de quitter le wadi au plus vite car ce dernier risque de se gonfler et de nous prendre au piège. Sous la pluie battante, il faut déjà faire demi-tour, la visite fut brève mais la sécurité avant tout !

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Nous devions ensuite rejoindre Sur, nouvelle métropole dédiée aux chantiers navals puis remonter vers Mascat en passant par Wadi Shab et Wadi Tiwi. Les Omanais en ont voulu autrement, puis-qu’après cette visite écourtée, nous avons été chaleureusement conviés dans une famille pour partager le thé.

Le lendemain, nous prenons la direction de la province d’Al Batinah. Après deux bonnes heures de route, nous arrivons enfin à Nahal, village réputé pour son fort mais surtout pour ses sources d’eau chaude. Ici vous ne trouverez rien d’époustouflant, si ce n’est la quiétude des villages de montagnes. Le léger clapotis de l’eau se mêle aux bruissements des feuilles et aux bêlements des chèvres : repos du corps et de l’esprit.

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Une journée à l’Ouest de Mascate pour la découverte du Hajjar Continental, chaîne montagneuse qui sépare la plaine côtière du désert d’Arabie. Avec cette nouvelle piste récemment tracée, la traversée devait être un jeu d’enfant. Le Petit Futé indiquait 3h00 de voiture avant de rejoindre Jebel Shams, point culminant et prévoyait un itinéraire, somme toute très agréable, avec des passages à travers les rizières, wadis villages de montagnes et autres curiosités locales.

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Seulement voilà, nous avons sous-estimé la difficulté de cette montagne escarpée. Il nous aura fallu 02h00 de montée acharnée, d’innombrables sueurs froides, et une discussion avec un groupe de locaux amusés pour admettre qu’il fallait rebrousser chemin : notre 4×4 n’étant adapté que pour la conduite sur goudron !

Le temps de reprendre nos esprits, de réaliser notre inconscience, voici le soleil qui amorce sa descente. S’entame alors une course contre la montre, quitter la montagne avant la nuit, revenir sains et saufs sans égratigner la voiture de location.

Al Hamdoulilah, nous arrivons à bon port, les lumières de Muscat se font plus vives et nos paupières de plus en plus lourdes.

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Avec cette aventure inattendue, le voyage touche à sa fin. Je suis envahie par une grande tristesse, je laisse derrière moi des visages chaleureux, une nature resplendissante, une chaleur harassante et un 4×4 cabossé.

Je quitte le Sultanat avec la ferme intention d’y retourner prochainement puisque la bas y réside désormais mon cœur.

Bon à savoir!

Du 16 octobre 2013 au 5 janvier 2014, une exposition sur Oman, « Oman et la mer », a lieu au Musée de la Marine de Paris. Plus d’infos ici !