En ces temps de difficultés et d’afflictions, noyés dans les flots d’islamophobie et de divergences au sein de notre propre Oumma, nous avons besoin de nous ressourcer dans notre glorieux passé et de puiser en des modèles de réussite aussi bien spirituelle que matérielle.  Penchons-nous d’abord sur le meilleur des hommes après notre Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam, celui qui lui voua une loyauté et une amitié sans failles, le grand Compagnon, Abu Bakr al-Siddîq (radhiAllah‘anhou).

Abdullah ibn Abi Quhâfa – de son vrai nom – est né en 573 à la Mecque, et mort en 634 à Médine. Il a donc deux ans de moins que le Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam, et quitta ce monde deux ans également après lui. A l’instar du Noble Messager salaLlahu ‘alayhi wa salam, il n’a jamais adoré une idole ni commis de grand péché. Ils étaient donc très proches bien avant la Révélation, et Abu Bakr fut le premier homme à croire au Messager et à se convertir sans aucune hésitation.

Il eut plusieurs surnoms élogieux, tels qu’ « al-siddîq » (le véridique) pour sa foi inébranlable, et « al-‘atîq » (l’affranchi) en référence à la parole du Prophète : « Tu es celui qu’Allah a affranchi de l’Enfer. »

Toute sa vie sera marquée par des épisodes de piété envers Son Créateur, et de loyauté envers son bien-aimé Muhammad salaLlahu ‘alayhi wa salam, en particulier dans les moments difficiles.

Abu-Bakr-al-Siddiq

Un bienfaiteur désintéressé

Dès sa conversion, il offrit toute sa fortune au service de l’islam et des musulmans. Il achetait des esclaves torturés par leur maître en raison de leur entrée en islam, et les affranchissait. Si bien qu’Allah révéla à son sujet :

« alors qu’en sera écarté le pieux,

qui donne ses biens pour se purifier

et auprès de qui personne ne profite d’un bienfait intéressé,

mais seulement pour la recherche de La Face de son Seigneur le Très Haut

Et certes, il sera bientôt satisfait! »

(Sourate al-Layl : 17-21)

Le Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam  disait également au sujet de ce dévouement : « Aucun argent ne m’a été autant profitable que celui d’Abu Bakr ! » 

Et : « Abû Bakr est le meilleur des gens après moi, hormis tout Prophète. » (At-Tabarâni) 

Cinq Compagnons auxquels Allah a promis le Paradis embrassèrent l’islam grâce à Abu Bakr : `Uthmân Ibn `Affân, `Abd Ar-Rahmân Ibn `Awf, Talhah Ibn `Ubayd Allâh, Sa`d Ibn Abî Waqqâs et Az-Zubayr Ibn Al-`Awwâm.

Un compagnon élu par Allah

sur Terre et dans l’au-delà

Il restait aux côtés du Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam  dans les moments les plus difficiles, et le soutenait moralement, physiquement, et financièrement. Comme lorsque le Messager faisait l’objet de moqueries et de persécutions de la part des polythéistes, ou encore durant les trois longues années de boycott subies par les musulmans. Abu Bakr n’a jamais failli à son amitié et sa fidélité envers Muhammad son bien-aimé salaLlahu ‘alayhi wa salam.

Abu Bakr pleura de joie lorsque le Messager salaLlahu ‘alayhi wa salam  l’informa qu’Allah l’avait choisi pour l’accompagner dans son émigration à Médine. Il mit toute sa famille à contribution pour les préparatifs et veiller au bon déroulement du voyage qui s’annonçait périlleux. Les deux meilleurs amis seraient ainsi réunis pour traverser ensemble cette épreuve déterminante pour l’avenir de l’islam. Abu Bakr fit don de tous ses biens et de sa propre personne pour cette Hijra. Cet épisode lui valut d’être mentionné par Allah dans le Coran : « Si vous ne lui portez pas secours… Allah l’a déjà secouru, lorsque ceux qui avaient mécru l’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon: «Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous.» (Sourate al-Tawba : 40)

Et le Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam  lui dira plus tard : « Abû Bakr, tu es mon compagnon sur le Bassin et mon compagnon dans la grotte » (At-Tirmidhî)

« Certes, Abu Bakr, tu seras le premier individu de ma communauté à entrer au Paradis ! » (Abu Dawûd et al-Hâkim)

Un dévouement indéfectible

au service de l’Islam 

Abu Bakr participa à toutes les guerres qui furent menées de son vivant, et était reconnu pour sa bravoure exemplaire aussi bien par les musulmans que par les Quraychites.

Le muhaddith al-Bazzâr rapporte à ce sujet : « Un jour, au cours d’une assemblée, ‘Ali demanda aux personnes présentes de lui citer celui qu’ils pensent être le plus courageux parmi les musulmans. On lui répondit : « C’est toi. » Il dit : « C’est vrai à chaque fois que j’ai affronté quelqu’un, j’ai eu le dessus sur lui. Mais il y a encore quelqu’un de plus courageux. Dites-moi qui est-ce ? » Ils répondirent : « Nous ne savons pas ! » Il dit alors : « C’est Abû Bakr ! Et je vais vous dire pourquoi ; lors de la bataille de Badr, nous avions installé pour le Messager de Dieu  un auvent pour qu’il soit à l’abri du soleil. Ceci étant, nous avions jugé utile de lui adjoindre un garde du corps pour le protéger des attaques surprises des infidèles. Nous demandâmes un volontaire, et c’est Abû Bakr  qui se proposa pour cette tâche. Il se tint à la hauteur du Messager de Dieu tenant son épée à la main et, à chaque fois qu’un infidèle essayait de s’approcher du Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam, il l’en empêchait. Certes, Abû Bakr  est le plus courageux parmi nous. »»

Avec la perte de son bien-aimé salaLlahu ‘alayhi wa salam, Abu Bakr sut rester digne et ferme malgré sa grande tristesse, et rassurer sa communauté qui se retrouva orpheline et sans repères. Il s’adressa aux musulmans en ces termes : « Quiconque adorait Muhammad qu’il sache que Muhammad est mort et quiconque adore Allâh qu’il sache qu’Allâh est Vivant et qu’Il ne meurt jamais. » Il récita ensuite la Parole d’Allâh : « Muhammad n’est qu’un Messager — des messagers avant lui sont passés —. S’il meurt ou s’il est tué, retournerez-vous sur vos talons ? » (Sourate Âli-‘Imrân : 144).

C’est donc en toute logique qu’il se vit confier la direction des musulmans, et fut nommé calife par la sagesse divine. Malgré un court mandat, il assura la cohésion et la sécurité d’un Etat naissant, et contribua à des réalisations majeures pour la civilisation islamique :

•  Son intransigeance et son intelligence mirent un terme à la rébellion de plusieurs tribus d’Arabie qui ne voulaient plus payer la zakât et d’autres suivaient des imposteurs proclamés prophètes. Les historiens affirment que sans la fermeté d’Abu Bakr, l’islam aurait fini par disparaître.

•  La conquête de l’Irak et de la Syrie permirent l’inauguration d’une ère de conquêtes et d’une propagation fulgurante du Message sous la bannière de l’islam

•  La première compilation du Coran (avant la copie définitive de ‘Uthmân ibn Affân) qu’il ordonna sur les conseils de ‘Umar

•   La création du « bayt al-mâl » (trésor public)

Il fut enterré, conformément  à son souhait, à Médine, près de son ami, son bien-aimé, le Messager d’Allah salaLlahu ‘alayhi wa salam.

Qu’Allah soit satisfait de lui.