Salam Alaykoum,

coeur brisé

La première fois que nous nous sommes croisés, rien ne laissait présager que nous allions vivre une telle histoire. Ce jour-là, c’était comme si nos âmes s’étaient reconnues. Nous étions juste venus assister à une conférence, comme je le faisais régulièrement, depuis que j’ai compris que mon âme avait besoin de ce genre de rappels… Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais nos regards se sont croisés et décroisés, car ce jour-là je ne suis pas restée aussi tard que les autres jours. J’avais des impératifs, alors je m’en suis allée….

Mais, et aussi étrange que cela puisse paraitre, c’était comme si nos âmes n’allaient pas en rester là ! Car une semaine plus tard, nous avons  passé deux jours dans cette association qui a pour vocation d’aider les autres en s’aidant soi-même… Étrange car je n’avais pas prévu d’y aller. C’est cette amie et sœur de cœur qui m’avait sollicitée pour que l’on passe un moment ensemble.

Il ne m’attirait pas particulièrement, mais quelque chose en lui m’avait beaucoup plu, surtout sa manière de parler de l’Islam, qui faisait tant écho en moi. J’ai rarement ressenti ce genre de choses. Je savais que lui et moi allions nous entendre. Et il récitait d’une telle façon… Une fois de plus j’ai rarement été troublée, mais là, cela m’a tellement touché que j’ai demandé à Allah soubhanahou wa ta’ala de m’accorder un mari qui psalmodie Sa parole tel que cet homme l’avait fait : à ce moment-là je pensais qu’il était marié et heureux en couple.

Tous deux assez investis dans le domaine associatif, nous avions gardé contact pour pouvoir échanger sur nos projets et nos approches réciproques. J’ai apprécié ce qu’il essayait de mettre en place. Lui fut intéressé par mon approche  alors nous avons beaucoup échangé. Très vite j’ai appris qu’il venait de se séparer de sa femme, mais qu’il n’était pas prêt à commencer une nouvelle histoire. Cela me rassura, car allant d’échec en échec je ne me sentais pas tout à fait prête moi non plus pour débuter quoi que ce soit.

Cependant, plus nous échangions sur nos vies, nos projets, nos modes de vie, etc., plus nous avions de points en commun. Pourtant nous sommes deux personnes assez différentes, mais je nous sentais complémentaires (nous aimons tous les deux le poulet, mais lui préfère le blanc et moi la cuisse ^^).

Au bout de quelques semaines, je me sentais perturbée par des sentiments pour lui. Je souhaitais lui en parler mais j’ai voulu respecter son besoin de ne pas vivre une histoire tout de suite alors je me suis tournée vers Allah swt. Je lui ai dit à quel point cet homme semblait correspondre à l’homme de la check-list que je lui avais faite pour savoir repérer mon « prince charmant ». Je ne voulais pas que la fraternité que nous avions se brise. Je L’ai invoqué, sincèrement, pendant de longs moments, et j’ai accompli la prière de consultation : à ce moment-là, j’ai fini par me dire que le destin ne se force pas. Que tout arrivera au bon moment. Je me suis aussi dit qu’au bout de trois semaines les choses allaient peut-être un peu vite alors j’ai décidé de m’en remettre à Allah et de maîtriser ces sentiments en les mettant de côté.

Puis…

Deux jours plus tard…

J’ai reçu un mail de sa part…

Où il m’explique qu’il est très perturbé car je semble correspondre à la femme qu’il attendait et qu’il souhaite que nous entamions la possibilité d’un mariage entre lui et moi. Mais qu’avant il avait besoin d’aborder quelques points avec moi.

C’est vrai que certains aspects de ma vie l’interrogeaient, mais nous avons très vite échangé dessus et avions trouvé une sorte d’entente : nous souhaitions tous les deux baser notre relation sur la communication et l’échange, afin de trouver une solution mutuelle : être en couple signifie vouloir le bonheur de l’autre. Et plus que tout nous avions instauré de façon très simple et naturelle l’Islam entre nous, même quand il ne répondait pas en notre faveur. Je ressentais la même chose de mon côté, alors je comprenais très bien et cela m’allait.

Vue notre entente, notre désir de commencer des projets communs, nos expériences de la vie, du mariage, nos âges (30 et 38 ans), et ce qu’Allah nous demande, il me proposa de rencontrer sa famille et la mienne puis de poser une date de mariage. Tout s’est passé très naturellement. Je n’ai senti aucun obstacle. Ma famille était pour la grande majorité d’accord, malgré la rapidité des événements. Même mon ex-mari, qui lorsqu’il a appris la nouvelle était content pour nous et nous a félicité. Il a facilement trouvé les personnes pour pouvoir organiser la cérémonie, j’ai pendant tout ce temps trouvé les bonnes personnes au bon moment. Mes amies les plus chères se sont déplacées. Une atmosphère particulière régnait ce soir-là : presque tout fut simple, efficace et magnifique.

Exactement deux mois après notre premier croisement de regard, nous étions mariés ! Un miracle venait de se réaliser. Moi qui prônais le temps pour pouvoir connaitre une personne, et que six mois à un an étaient nécessaires avant de pouvoir envisager un mariage !!! Moi qui souhaitais ne surtout pas être avec un Maghrébin. Moi qui ne voulais surtout pas dépendre d’un homme…

Allah fait ce qu’Il veut et cette histoire me l’a merveilleusement montrée…

Je ne sais pas comment raconter la suite de l’histoire. Car, pour ma  part, il n’y a plus rien de logique.

En effet deux jours après ce merveilleux moment de notre union devant Allah swt et nos proches, il m’annonce qu’il a fait une erreur en se mariant avec moi et qu’il désire divorcer.

Je n’ai plus rien compris, je ne l’ai pas cru. J’ai souhaité être dans un mauvais rêve qui allait bientôt finir… mais rien n’y faisait, sa décision était prise. Il ne voulait plus être avec moi. Mais il n’a pas fait que partir… car il s’est rendu compte, qu’il ne me supportait pas, que rien ne lui plaisait chez moi, que lui et moi n’avions rien à faire ensemble : alors il a coupé tout contact avec moi : plus d’appel, plus de message, plus de nouvelle… Je me suis sentie comme un meuble que l’on rapporte en magasin quand on se rend compte que finalement il ne va pas dans notre salon.

A ce moment-là, un court-circuit s’est produit dans mon esprit. Il n’y avait plus rien, plus rien ne fonctionnait… J’ai profondément compris ces femmes et ces hommes qui après une trahison de leurs conjoints perdent la foi. Et cela n’a pas à voir avec la croyance, c’est juste qu’il n’y a plus rien, plus de logique, plus d’électricité, plus de lumière… c’est le trou noir.

Ce qui m’a permis de m’en sortir, grâce à Allah, ce sont des sortes d’automatismes que j’avais pris avant de le connaitre. J’ai prié, invoqué, pleuré Allah, je voulais comprendre, agir, faire, mais je ne savais plus quoi… Au début je ne savais pas ce que je faisais, car ma lumière s’était éteinte avec ce court-circuit. Je priais juste pour faire quelque chose, comme une habitude… Aujourd’hui je sais que c’est cela qui m’a sauvée, ce fut ma bouée de sauvetage, après ce tsunami qui m’a laissé presque inconsciente.

Je pense, qu’ayant développé ces automatismes depuis un certain temps, Allah m’a vite permis de retrouver Sa lumière, EL HAMDOULILLAH… et même si j’y vois plus clair, je ne comprends toujours rien à son comportement, même si je peux accepter son sentiment, ce qu’il a fait reste en dehors de tout ce qu’Allah nous demande et attend de nous, cela est en dehors de l’Islam que nous avions instauré entre nous… et pourtant il a une telle pratique de l’Islam qu’encore aujourd’hui je sais qu’il est un homme sincère et aimé d’Allah… et éprouvé par Lui-même…

Cette histoire est un véritable choc, encore plus profond lorsque l’on ajoute les détails des évènements, mais une chose est sure, c’est que j’ai tellement appris sur moi, ma relation avec Allah, ma relation aux autres, ma relation avec ce monde… J’y ai tellement gagné en sagesse, patience, amour, compréhension, pardon, détachement, humilité, foi, confiance en Allah, sincérité, endurance et encore plus, que je suis satisfaite d’être passée par là !

Bien sur je ne nie pas la douleur et la souffrance de cette épreuve, encore aujourd’hui je soigne mes plaies. Mais je sais qu’Allah n’impose pas à une âme une charge supérieure à sa capacité, je sais qu’Allah nous prépare, tel un entraîneur pour obtenir la meilleure place à Ses côtés, et surtout je sais que le meilleur reste à venir… rendez-vous compte, le Paradis nous attend, pour cela nous avons juste besoin de faire le bien et de compter sur la Miséricorde divine…

Cette lettre est un message d’espoir et d’amour. Nous pouvons tous y arriver car Allah est là. IL répond à l’appel de celui qui L’appelle, nous avons juste besoin de répondre à Son appel… A l’heure où nous pouvons communiquer avec le monde entier, rendons nous compte qu’Allah est là tout proche, à l’intérieur de nous… Allah nous aime, IL ne veut de nous et pour nous que le meilleur des biens… Sa miséricorde est telle, qu’Il pardonne tout, et que désespérer de Lui est un grand péché… alors gardons espoir.

Très chères créatures, acceptez vos faiblesses et remettez-vous à Allah, Il les transformera en force, si ce n’est pas déjà fait…

A l’heure actuelle (plus de six mois après son départ), malgré mon envie d’être avec lui, je continue de vivre et d’avancer. J’ai l’impression de lui avoir pardonné, ou en tout cas d’avoir remis cela entre les mains d’Allah. J’ai retrouvé le sourire que j’avais presque perdu. Je suis toujours restée en contact  avec ma famille et mes proches, malgré un certain temps de solitude choisi, ce qui m’a aussi beaucoup aidé. Parler, écrire, peindre, m’ont permis de me libérer d’un certain nombre d’émotions. Et surtout être restée attachée à cette unique bouée de sauvetage, qu’est ma foi, malgré les vents et les marées qui l’ont atteinte… EL HAMDOULILLAH !

Qu’Allah nous couvre de Sa lumière et qu’Il nous permette de rester à Ses côtés, car Lui reste toujours près de nous…

ACH HADOU ANN LA ILLAHA ILLA LLAH, WA ACH HADOU ANNA MOUHAMMED RASOULOU LLAH

P.S : avec cette histoire j’ai appris beaucoup, j’espère qu’elle pourra aussi servir à d’autres. Je souhaite juste transmettre ce message, pour le reste je prends soins de moi et je m’en remets à Allah El Hamdoulillah.

Salam