Grossesse et ramadan, deux événements heureux qui nous permettent de nous retrouver, de nous recentrer, de nous tourner vers Dieu, et de réaliser la chance que nous avons. Deux événements majeurs, importants mais quand ils se rencontrent, c’est souvent un bouleversement, des doutes et des angoisses. On a tous et toutes les réponses toutes faites avant que cela ne nous arrive.
On peut être ferme sur son choix de jeûner ou de ne pas jeûner. J’avais toujours dit, moi enceinte, je ne jeûnerai pas, mettre en péril la vie de mon enfant, non merci… Ces femmes qui jeûnent enceintes étaient des folles pour moi, qu’Allah me pardonne.

Et l’année dernière, j’ai eu la chance de vivre ma grossesse et le mois de Ramadan en même temps. Je dis chance, car cela m’a permis de me tester, de tester ma foi, mon endurance. Alors on peut revenir sur des choix déjà faits, à froid. Mais arriver à jeûner en paix n’a pas été évident avant le Ramadan et au début du Ramadan. Car la culpabilité est là, celle qu’on nous fait porter, et les questions ne cessent pas.

Autant de sons de cloches que de personnes, d’avis que de gens… Alors que faire ? Je me suis tournée alors vers internet pensant trouver conseils et réponses à mes questions. Mais là, je me retrouvais encore plus perdue qu’avant ma connexion. J’en ai parlé autour de moi, et là, je vous évite les réponses.

Tout début de grossesse, un mois et demi de vie de ma princesse en moi, que du bonheur, mais aussi que de troubles, nausées, vomissements, fatigue sévère, endormissement quasi permanent. Ma mère me disait, fais-le, Allah te facilitera, mais la peur est là… En parler au corps médical, sans façon, je lisais déjà leur désapprobation et leur jugement dans leur regard.

Mon mari, lui était contre, surtout car il ne savait pas, et avait peur pour la croissance du fœtus. On lit tellement de choses, que tout se joue au début de la grossesse.

Gros doute, encore une fois, et le ramadan approche inexorablement…

J’ai eu la chance, l’énorme chance d’avoir un médecin musulman, médecin traitant, d’un respect inouï, d’une écoute formidable avec toute la pudeur nécessaire… A la fin de la consultation, j’ose ma question, est-ce que je peux jeûner malgré ma grossesse ?. Un sourire se dessine sur son visage. Il me répond doucement, « Vous savez je suis guinéen, musulman pratiquant, je jeûne depuis que j’ai 7 ans. J’ai vu toutes les femmes autour de moi jeûner étant enceintes, et aucune n’a souffert ou mis en péril son bébé. Cela dure depuis des centaines d’années, et ça continue encore aujourd’hui. Ici, en Occident, vous serez jugée, cataloguée, mais prenez la décision calmement en ayant à l’esprit qu’un fœtus a besoin de peu finalement pour grandir. Tant que vous buvez bien le soir, que vous mangez équilibré, tout ira bien inchaAllah. Par contre, en cas de grosse fatigue, vous pouvez souffler un jour ou deux ». Ses mots ont su me donner la sérénité dont j’avais besoin, un avis médical en plus.

Finalement, rassurée par mon médecin, ma mère, et en accord avec mon mari j’ai jeûné, ce fut difficile. Mais al hamdoulillah, ça s’est finalement bien passé malgré des vomissements en fin de journée. Première écho en août, ça tombait bien, et ça m’a encore plus confortée dans mon choix. Un bébé qui bougeait beaucoup, un cœur qui battait bien, et des mesures dans les normes. Je pouvais continuer tranquillement. Au final, je n’ai pas jeûné quatre jours, deux à cause d’une rage de dents terrible, et deux autres à cause d’une grosse fatigue.

Aujourd’hui, Aya est née, un rayon de soleil, bien portante, tonique, souriante. Donc si comme moi, vous doutez, n’hésitez pas à en parler aux bonnes personnes. Les non musulmans vous jugeront, et moi j’ai décidé de ne pas en parler au corps médical, excepté mon médecin traitant.

« Le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. – Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants! » Sourate La Vache – Verset 185

Il faut savoir s’en remettre à Allah et oublier les créatures qui sont souvent dans le jugement inutile. Qu’Allah nous guide dans notre cheminement, nous pardonne nos erreurs et nous protège.

Mina Christ – Une lectrice

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