Nous souhaitons, semaine après semaine, donner la parole aux femmes afin qu’elles nous racontent leurs choix, leurs histoires et qu’elles partagent avec nous un petit bout de leur vie.

Voici celui de Marie qui nous livre un témoignage émouvant et touchant sur l’épreuve de la stérilité au sein de son coupe :

Je suis Marie, j’ai 27 ans et je suis mariée depuis 3 ans à un homme merveilleux. Nous essayons d’avoir un enfant depuis Décembre 2008, mais il y a 6 mois, nous avons appris qu’avoir un enfant sans procréation médicalement assistée ne serait pas possible.

Après une échographie passée pour une suspicion de grossesse extra utérine, j’ai été envoyée en PMA car on a découvert que j’avais des ovaires multi folliculaires ; ce n’est pas grave mais cela peut beaucoup allonger le délai pour tomber enceinte. Les examens en PMA ne révéleront rien d’inquiétant à mon niveau, mais comme cela faisait 1 an et demi que nous essayons d’avoir un enfant des tests ont été faits à mon mari aussi. Quatre mois après le premier rendez-vous au service de PMA, nous avons le diagnostique : mon mari souffre de cryptozoospermie sévère.
Kézako ? Selon l’urologue, dans le cas de mon mari, ce serait du à un problème génétique combiné à une pollution (produits chimique, médicament, pollution atmosphérique…) lorsqu’il était embryon (sans doute avant même que sa mère ait conscience d’être enceinte). Ces deux facteurs combinés auraient eu pour effet que les cellules chargées de créer les spermatozoïdes soient malformées. Ainsi, seulement une centaine de spermatozoïdes sont créés, soit environ 1 million de fois moins de spermatozoïdes qu’un homme sans problème de fertilité.

Ce nombre très faible de spermatozoïdes a pour conséquence le fait qu’ils ne sont pas toujours visibles lors du premier spermogramme, ce qui fut le cas de mon mari. Nous craignons une azoospermie, c’est donc avec un grand soulagement que nous avons accueilli le diagnostique final : Il nous reste un espoir d’avoir un jour des enfants biologiques. Pour les bébés couettes c’est râpé ; l’urologue a été formel, nous avons plus de chance de gagner au loto ! Nous sommes admissibles en FIV ICSI et ferons notre première tentative au moins de septembre inshAllah.

Mon mari est tombé des nues quand le résultat du premier spermogramme (qui ne comportait pas de spermatozoïde) est arrivé, il ne pouvait pas y croire… Jamais, il n’aurait imaginé que cela pouvait lui arriver, il lui a fallu plusieurs jours pour accepter le fait que les examens étaient mauvais et a gardé espoir que ceux-ci étaient faux jusqu’à ce qu’il ait son rdv chez l’urologue.

En revanche j’étais effondrée, très alarmiste je me suis dis que je ne serai jamais mère, je me mettais à pleurer sans cause, n’importe quand, c’était incontrôlable. L’ambiance à la maison était très tendue, mon mari dans le déni, ne comprenait pas ma peine. Puis les jours passent, la douleur aussi, mais c’est comme si mon cœur s’était mis en stand by, je n’ai éprouvé ni joie, ni peine jusqu’à ce que nous ayons le diagnostique de l’urologue 1 mois et demi plus tard.

Mon mari a été très affecté, il se sent anormal. Il m’a demandé de le quitter plusieurs fois et estime parfois que ce n’est pas mon combat (mais je ne veux pas d’enfant d’un autre). Il culpabilise quand je dois faire des examens douloureux ou humiliants (ou les 2 !). C’est éprouvant pour l’homme, la femme mais aussi le couple.

Cette FIV a fait renaître pour moi l’espoir d’être maman, mais alors que dans le passé c’était une évidence, aujourd’hui je me dis que si je le deviens, ce sera un miracle, un cadeau. Avant, je bâtissais ma vie en prenant en compte « le jour où j’aurai des enfants », aujourd’hui, je ne le fais plus, ça me permet d’avancer, je cherche l’épanouissement ailleurs (vie professionnelle, voyages…).
Il m’arrive aussi parfois de vouloir stopper la démarche PMA, est-ce que tout cela en vaut la peine ? Je prends peu à peu conscience que nous sommes heureux ensemble sans enfants al hamdoulillah.

L’enterrement de mon arrière grand mère fut vraiment une épreuve pour moi, au delà de la peine causée par sa perte, cela m’a fait réfléchir à ma propre vieillesse, qui sera là pour mes vieux jours ? Je ne veux surtout pas devenir une charge pour mes nièces… A 27 ans, je m’inquiète maintenant de ma retraite !

Nos allés/retours à l’hôpital ont un peu inquiété nos responsables au travail qui craignaient que nous ayons des ennuies de santé. Nous avons donc du leur en parler, c’est un peu gênant, mais nos chefs respectifs ont été très compréhensifs. Le mien m’a même proposé de modifier mes horaires quand il a vu que j’étais épuisée à cause d’insomnies à l’époque où nous étions dans les examens.

De nombreuses personnes ne comprennent pas que j’aille « bien », mais cela ne sert à rien de ne pas accepter, d’être en colère, de toute façon nous sommes impuissants. Il n’y a que Dieu qui peut nous accorder un enfant, alors j’accepte ce qu’Il a décidé pour nous, même si cela n’est pas ce que je veux, je sais que c’est un bien.

L’infertilité est une épreuve très difficile, mais cette épreuve me permet de prendre conscience de ce que j’ai déjà, et m’a même redonné une impulsion positive (travail, soin de soi…) une fois que je me suis relevée. Je suis heureuse que notre époque nous offre des possibilités al hamdoulillah, il y a une quinzaine d’années nous n’aurions pas eu de recours, là il me reste un espoir. Aujourd’hui, j’attends septembre avec impatience et inquiétude…

Propos recueillis par Emilie Ibe

Après ce témoignage émouvant de Marie que nous remercions chaleureusement pour son partage, retrouvez les conseils de notre coach familial concernant l’épreuve de la stérilité dans le couple.