Il y a quelques années de cela, je discutais avec une collègue, non musulmane, qui avait voyagé au Mali, au Sénégal et en Mauritanie. Lorsque je lui ai fait part de mon amour pour la Mauritanie, elle s’en était étonnée et m’avait répondu que c’était le pays qu’elle avait le moins aimé : « Ils sont beaucoup trop religieux ! » Moi, sa phrase m’a juste confortée dans mon amour pour ce pays …

Je suis une grande amoureuse de la Mauritanie. Oui mais voilà : ce que j’aime, c’est son désert, ses grands savants bien trop peu connus, ses villes magnifiques telles que Chinguetti, ou encore Oualata. Mais je l’avoue, la culture mauritanienne m’est inconnue et c’est grâce à la disponibilité d’une adorable sœur que j’ai pu en savoir plus et ainsi, vous transmettre ce que j’ai appris !

Il faut d’abord savoir que la Mauritanie est une République Islamique, contrairement au Mali et au Sénégal qui sont des républiques laïques. Par ailleurs, la langue officielle est l’arabe (alors que c’est le français pour le Sénégal et le Mali). De ce fait, bien que les dialectes soient utilisés, l’arabe est une langue parlée par tous. D’ailleurs, ceci explique pourquoi, lorsqu’un noble enseignant de langue arabe, qu’Allah le préserve, fut interrogé sur la question de savoir quel pays était propice à l’apprentissage de la langue du Coran, il avait répondu sans hésiter : la Mauritanie !

Là bas, la vie à la ville et la vie dans les villages sont différentes, mais l’une comme l’autre sont imprégnées de spiritualité, et ce dès l’enfance. En ville, la plupart des enfants, garçons et filles, sont scolarisés, et le programme officiel intègre l’apprentissage de l’arabe ainsi que l’éducation religieuse (notamment le fiqh maliki). Dans les villages, les enfants qui ne sont pas scolarisés vont quant à eux à la madrassah (appelée aussi mahdhara).

 

Par conséquent, l’Islam fait partie intégrante de la société mauritanienne, et en est même son socle.

La femme a un rôle et un statut relativement élevé dans la société mauritanienne. Tout d’abord, l’éducation des fillettes est primordiale, et cela vaut également pour leur éducation religieuse.

Par ailleurs, la femme mauritanienne est très indépendante. Ainsi, il n’est pas étonnant que les femmes travaillent. A titre d’exemple, les villageoises vont travailler dans les champs, ou bien vont fabriquer des objets, et tout cela, elles vont ensuite le vendre. De manière générale, les mauritaniennes font beaucoup de commerce. Quant à l’argent gagné, il est le leur, comme l’enseigne l’islam ; libres à elles de l’utiliser pour leurs propres besoins, ou pour leur famille. Toujours encore en accord avec les principes islamiques, c’est le mari qui subvient aux besoins de sa famille, mais la plupart du temps, son épouse l’aidera dans cette tâche en gérant les économies du foyer.

D’ailleurs, en parlant époux, mariage, etc. : dans les villages, il existe une organisation bien spécifique : vous trouverez la grande maison familiale, qui aura, en son centre, une cour commune. Chacun y a ses appartements donnant sur cette cour. Ainsi, lorsqu’un homme projette de se marier, il doit avant cela construire une maison pour sa femme, qui donnera sur cette cour, afin que celle-ci ait une certaine indépendance lorsqu’elle arrivera dans sa belle-famille. En ville, bien entendu, les choses sont différentes.

Par ailleurs, exemple tout bête (voire caricatural mais qui existe malheureusement chez certains) pour illustrer l’indépendance de la Mauritanienne : le grand frère qui aurait quelque velléité à superviser sa petite sœur et à user d’autorité à son égard : cela n’existe pas en Mauritanie ! Le frère n’a aucun « pouvoir » sur sa sœur, le père remplit largement ce rôle, et tout membre de la fratrie qu’il soit, il n’a pas son mot à dire. Et disons-le clairement, la relation aux parents et, plus largement, aux aînés, est très très importante.

Enfin, certaines remarqueront que je n’ai pas évoqué le hijab. Ceci est volontaire car finalement, dans une telle société, on se doute que, bien que certaines ne le portent pas, le hijab est la norme. Celui-ci prend la forme d’un grand drap dans lequel les femmes s’enroulent, recouvrant ainsi corps et cheveux. Il est appelé melfah. Autrefois de couleur noire/indigo, les couleurs sont apparues et sont aujourd’hui plus répandues.

Alors bien évidemment, comme toute société, elle a ses travers. Mais de ce que j’ai appris (et compris), la société mauritanienne est une société riche en valeurs islamiques, qui a su rester relativement traditionnelle, bien qu’elle doive aujourd’hui affronter, comme partout dans le monde, la « modernisation » apportée par l’Occident. Et surtout, la femme y occupe une place prépondérante, et n’est pas reléguée au second plan comme de (trop) nombreuses sociétés.

Ps : un immense merci à Sélané, qui m’a rendue encore un peu plus amoureuse de son pays <3.