L’être humain ressent le besoin de se divertir pour détendre son esprit et son corps. L’islam, religion « naturelle », en adéquation avec la nature humaine, reconnait ce besoin et l’autorise, tout en enseignant qu’il est nécessaire de l’exécuter dans « l’éthique  musulmane ». En effet, tout loisir non conforme aux préceptes islamiques ou comportant des interdits serait alors réprouvé.

La vie de la musulmane se veut islamiquement « globalisante », c’est-à-dire que l’islam va y être le cadre ; ceci pour une vie cohérente, saine et équilibrée.

Il est donc logique qu’en islam, tout loisir qui n’apporte aucun profit d’ordre physique, moral ou spirituel, ou qui crée une addiction est de l’ordre du blamâble.

Abou Darda disait ainsi : « Je me détends en faisant quelque chose qui relève du futile  [mais qui est en soi licite] afin d’avoir ensuite la force de faire ce qu’il faut [c’est-à-dire les actes cultuels] ».

Aussi, du temps du messager d’Allah salallahou ‘alayhi wa salam, plusieurs sports étaient pratiqués par les compagnons et par le prophète lui-même: la lutte, le tir à l’arc, la course à pieds, l’équitation.

Intéressons-nous à la femme musulmane ; quels loisirs adopter ? Vers quel « passe-temps » utile et agréable se tourner ? Voici quelques suggestions….

 

L’écriture, la poésie

La maitrise d’une langue, la lecture, l’écriture tiennent une grande place en islam. Le premier mot révélé à notre bien-aimé prophète Mohammad salallahou ‘alayhi wa salam ne fut-il pas « Iqra ! » (lis !). De nombreux prisonniers de guerre ne furent-ils pas remis en liberté sous condition d’avoir enseigné la lecture et l’écriture aux illettrés parmi les  musulmans ? Aussi, la poésie arabo-musulmane n’est-elle pas l’une des plus riches et des plus belles du monde ?

L’écriture et la poésie sont un loisir absolument agréable, permettant de faire travailler l’imagination, l’intellect et de se détendre en mettant sur papier les mots du cœur. Il s’agit-là d’une activité empreinte de délicatesse, de finesse d’esprit et d’élégance.

Le Prophète Mohammad salallahou ‘alayhi wa salam avait demandé à Hassan ibn Thabit d’écrire des poèmes afin de répondre aux attaques verbales des quraychites.

Il avait dit aussi, selon Aïcha : « C’est là (la poésie) une parole: quand elle exprime le bien, elle est louable et quand elle exprime le mal, elle est détestable. » (Dar Qutni)

Aussi faut-il que ce loisir ne s’attache qu’aux bonnes paroles et exhortations, et qu’il ne soit employé que pour diffuser le bien.
Dans un hadith rapporté par Al Boukhari, le prophète Mohammad  salallahou ‘alayhi wa salam affirma que les poèmes renferment parfois de la sagesse (« inna minach chi’ri la hikmah »). Il a conseillé également de s’adresser à l’ennemi avec des vers, s’agissant ici d’un effort louable pour lutter contre l’injustice par la parole.

La course à pieds

La course à pieds peut s’avérer être une excellente occupation, tant pour l’esprit que pour le corps. L’effort physique qu’elle engendre dénoue les tensions, développe la masse musculaire et fortifie le système cardio-vasculaire.

Si elle est pratiquée en extérieur, en milieu mixte,  la femme veillera à couvrir correctement sa awra. Si elle est pratiquée entre femmes,  elle ne pourra montrer que certaines parties de son corps, compte-tenu du fait que même entre personnes du même sexe, le comportement islamique exige de se couvrir par pudeur par-rapport aux autres, mais aussi et surtout par respect pour son propre corps.

Le prophète Mohammad salallahou ‘alayhi wa salam, pratiquait la course à pieds avec son épouse Aïcha ; elle rapporte : « J’accompagnais le prophète salallahou ‘alayhi wa salam dans un de ses voyages alors que j’étais encore une jeune fille mince et svelte, et il dit aux gens : « Avancez ! ». Ils avancèrent, puis il me dit : « Viens faire la course avec moi. » Nous fîmes la course ensemble et je le battis. ..Plus tard, lorsque je pris du poids, je l’accompagnais une nouvelle fois dans un de ses voyages, puis il dit aux gens : « Avancez ! ». Ils avancèrent, puis il me dit : « Viens faire la course avec moi. » Nous fîmes la course ensemble et cette fois, il me battit. Il ria en disant : « Cette fois j’ai pris ma revanche (de la première course perdue) ! ». (Ahmad et Abou Daoud)

Les loisirs créatifs :

Peinture, pâtisserie, couture, calligraphie… un festival de couleurs, de goûts, de formes  qui développent la créativité et l’imagination. Ces arts créatifs sont une forme d’expression qui participe à la détente et à l’évasion de l’esprit et du corps.

Dans la perse du siècle dernier, les femmes musulmanes rivalisaient d’ingéniosité dans les arts créatifs comme nous le raconte Susha Guppy dans son ouvrage « Un jardin à Téhéran » :

«L’andaroun était […] le lieu où les femmes cultivaient leur imagination, à travers la lecture, la poésie, les contes et l’élaboration des légendes. Elles y apprenaient les arts ménagers, la couture, la broderie, le tricot et autres activités « distinguées ». Elles poussaient la cuisine et la pâtisserie jusqu’à des raffinements inouïs, et leurs rêves étaient cousus des mêmes fils que leurs riches brocarts ».

Les mères des croyants s’adonnaient notamment à la couture ; Aïcha, épouse du prophète salallahou ‘alayhi wa salam nous dit dans une tradition rapportée par Mouslim :

«Le Messager de Dieu salallahou ‘alayhi wa salam rentra d’un voyage. J’avais entre-temps recouvert une lucarne de la maison avec un rideau sur lequel il y avait des représentations d’êtres animés. Ayant vu cela, le Prophète salallahou ‘alayhi wa salam enleva le rideau et dit : « Ceux qui auront l’une des plus grandes punitions le jour du jugement seront ceux qui auront cherché à imiter la création de Dieu ». Nous taillâmes alors le rideau et en fîmes un oreiller ou deux rempli(s)de fibres de palmier. Le Prophète salallahou ‘alayhi wa salam s’appuyait dessus » ».

…et quels loisirs pour l’homme et l’enfant musulmans ?

En matière de distraction, la règle est la permission (tant que cela ne comporte pas d’actes interdits). Le prophète salallahou ‘alayhi wa salam nous a fait quelques suggestions à ce sujet ; il a dit:

« Tout ce par quoi le musulman se divertit est futile, sauf le fait qu’il tire à l’arc, qu’il entraîne son cheval, ou qu’il joue avec son épouse : ces actions relèvent du haqq (حقّ, de la vérité, du bien)
« Apprenez à vos enfants la natation, le tir à l’arc et l’équitation.»

D’autres paroles du prophète salallahou ‘alayhi wa salam évoquent sa participation  à une compétition de tir à l’arc avec des gens de Médine, à des courses de chevaux  et à des concours de lutte.

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