Une lectrice partage aujourd’hui une épreuve douloureuse de sa vie : le divorce. Parfois destructeur mais pouvant être aussi un tremplin, il a conduit notre sœur à se retrouver et à se (re)construire.

« Quand je me suis mariée, c’était le plus beau jour de ma vie : j’avais trouvé cet être rêvé, celui qui nous touche au plus profond de notre âme sans dire un mot. Très vite, tout s’est mis à m’échapper et un jour, après plusieurs mois d’interminables doutes et tensions, mon époux a décidé de mettre un terme à notre mariage. Ou plutôt, a décidé de m’avouer qu’il avait mis un terme à notre relation, seul dans son coin, il y avait déjà bien longtemps. Je ne comprenais pas ses raisons. Même si cette situation me faisait souffrir, je ne voulais pas divorcer. Je l’aimais, il y avait forcément une solution. Pourtant je suis partie pour ne plus le voir malheureux.

Retour chez mes parents. Une fois l’incompréhension passée, ce fut au tour de la souffrance de venir prendre toute la place. Les mois ont défilé, tous les mêmes au départ: assise au bord de mon lit, je me repassais le film : qu’est-ce que j’avais fait ? Comment aurais-je dû faire ? Que faire pour réparer… ? Et lorsque j’ai enfin saisi que je n’avais pas de pouvoirs sur son coeur, j’ai décidé de continuer à avancer comme je pouvais, en attendant une issue heureuse. Je savais que la patience et l’endurance étaient la seule voie possible pour une croyante et je voulais évoluer, m’améliorer et me recentrer sur moi-même après m’être longtemps oubliée pour lui plaire – et vu le résultat, ça n’avait pas été apparemment la bonne technique ! J’ai trouvé un travail, le genre d’activité que j’avais envie d’avoir depuis longtemps. On m’a proposé un appartement, j’ai emménagé, pris un chat et continué mes études. J’ai obtenu la licence (avec mention), le master1 (avec mention) et j’ai vu dans les yeux de mes professeurs qu’une femme voilée pouvait avoir de la valeur.

A ce moment-là, je me retrouvais. Celle que j’étais avant mon mariage se réveillait, remportait de petits combats au quotidien. Il redevenait possible d’éprouver du plaisir à vivre cette vie. En moi, je demandais pourtant encore à Dieu « fais qu’il m’aime encore, Seigneur, fais qu’il m’aime». J’ai changé d’emploi, eu un meilleur salaire et occupé un poste plus stimulant. Puis j’ai obtenu un master2 (avec mention) et enfin, j’entre doctorat (ce dont j’avais toujours eu envie sans trop osé y croire). Tout un pan de ma vie a radicalement changé. J’ai gagné en assurance, j’ai appris à défendre mes intérêts, à ne jamais oublier celle que j’étais ni les valeurs que je défendais. Pourtant, malgré mon désir de fonder une famille, je ne me suis pas remariée. J’attends de trouver un homme qui me redonnera envie de lui faire confiance. Et puis, le souvenir de mon ex-mari suffit encore aujourd’hui à faire couler mes larmes. Je ne vis pas dans le passé mais j’aurais aimé avoir cette seconde chance, celle qu’on donne à ceux qu’on aime réellement. Lorsque je le revois (ma sœur est mariée avec son frère), j’essaie d’agir avec respect pour ne pas briser l’harmonie des relations entre nos familles. Ca m’a coûté, ça me coûte encore. J’ai beau savoir qu’on doit vouloir pour son frère ce qu’on veut pour soi, j’ai tout de même terriblement peur du jour où il annoncera qu’il a retrouvé l’amour.

Avec le recul, j’ai accepté que les efforts nous appartiennent mais pas les résultats. Qu’on n’a pas toujours ce qu’on veut mais qu’on a toujours ce qu’il nous faut pour avancer, même contre notre gré. Cette porte s’est fermée mais les fenêtres qui se sont ouvertes ont laissé entrer un vent de liberté et de sérénité qu’il me tarde de partager (avec lui ou un autre…). »

Anonyme