Je la cherche des yeux et je l’aperçois au loin qui me cherche fébrilement au milieu de la nuée de cartables multicolores qui prennent d’assaut le portail de l’école. Nos regards se croisent et un sourire commun émerge du plus profond de notre cœur. Je me précipite dans ses bras et je me love tout au creux d’elle, comme un oiseau de retour dans son nid douillet…

Vis ma vie de ma femme au foyer !

Le bonheur quatre fois par jour, après chaque séparation de temps scolaire. Cette histoire est la mienne et celle de ma maman chérie qui a « sacrifié » sa vie professionnelle pour nous élever mon frère et moi. Cette histoire est celle de quantité d’enfants et de femmes qui ont eu la volonté d’exercer le plus beau métier du monde en CDI : être une maman à temps plein.

Pour vous faire une confidence, ce choix n’est pas le fruit du résultat de ma reconversion à l’islam, car avant même de rejoindre le club tant décrié des voilées/enturbannées/emballées ou tout-ce-que-vous-voudrez ; avant même que l’islam ait effleuré mon esprit et fleuri dans mon cœur, j’ai toujours eu l’intime conviction et l’envie profonde d’élever mes (futurs) enfants, et ce malgré mon bagage universitaire et une société qui affirme de plus en plus que la liberté et l’émancipation de la femme passent inéluctablement par son intégration à la sphère professionnelle.

J’ai eu conscience rapidement de la chance que j’avais d’avoir ma maman pour moi toute seule : une maman dévouée et à l’écoute, qui pouvait se précipiter à l’école en cas de bobo ou me garder à la maison pour un nez qui coule ; une maman qui était ma confidente et écoutait avec avidité le débriefing de mes journées palpitantes ; un palais éduqué avec les petits plats home-made ; etc. Pour tout cela MERCI maman. Et pour tout cela j’ai le bonheur de m’occuper de mes enfants ET d’avoir en même temps une activité semi-professionnelle bénévole qui soit, n’est pas rémunérée (désolée de ne pas contribuer au productivisme français) mais qui me permet de m’épanouir beaucoup plus qu’un travail qui, soyons honnête, serait bien loin de l’équation logique diplôme + compétences = travail qualifié, étant donné que le foulard a la capacité fantasmé d’aspirer nos neurones.

J’imagine la scène : salle d’attente feutrée, un peu stressée je m’avance vers l’accueil. La standardiste me toise de la tête aux pieds et je dis : « Bonjour madame, je viens pour le poste de… » « Oui bonjour. Bienvenue ! Le seau et la serpillère sont là ! »  Euh eukay –‘ NEXT !

Najat Vallaud-Belkacem souhaite taxer les femmes au foyer

Il y a des jours comme cela où on se demande à combien ils sont à festoyer dans le cerveau de nos « élites » politiques ! Le dernière en date, une discussion on-ne-peut-plus-sérieuse sur la façon de favoriser forcer un retour à l’emploi des femmes : ben, en s’attaquant au portefeuille des foyers dont la femme ne travaille pas of course ! Une brillante idée de plus de notre gouvernement, n’est-ce pas ?! #Ironie

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Un projet de loi vise à sanctionner fiscalement les ménages dont un des conjoints ne travaille pas. En gros, votre époux sera considéré comme « célibataire » (ben oui un seul salaire rentre donc c’est un peu comme si vous n’existiez pas. C’est lourd de sens sur la perception des femmes au foyer…) et paieront donc leurs impôts le prix fort, sans se voir imputer votre demi-part. Au contraire les couples dont les deux composantes travaillent constateront une baisse de leurs impôts.

En fait cette vision de la famille revient à individualiser complètement chaque membre de la famille (c’est bien connu que dans un couple c’est chacun pour sa pomme non ?). La famille, c’est le fondement de la société. Et visiblement, la famille version 2014 pour notre brillant gouvernement, c’est l’égoïsme, la séparation des intérêts, et un mode unique d’éducation.

A quand des solutions pour aider les femmes qui souhaitent travailler ?!

Ne voyez pas ici un plaidoyer contre les femmes au travail. En revanche, c’est un plaidoyer POUR la liberté des femmes de choisir la vie qu’elles veulent et le mode d’éducation qu’elles souhaitent (parce que pour celles qui pratiquent l’IEF [Instruction En Famille], on fait quoi aussi?). Au lieu de pointer du doigt les femmes au foyer, pourquoi ne pas chercher des solutions CONSTRUCTIVES pour celles qui veulent/doivent travailler ? Les crèches en entreprise, l’aménagement des horaires de travail, des structures d’accueil publiques plus nombreuses et moins couteuses, etc.

Enfin breeefffff !

Je ne touche PAS d’aides ! Je ne demande RIEN à personne ! Je ne me penche pas sur la vie privée de Pierre, Paul ou Jacques alors PAR PITIÉ que l’on cesse de vouloir m’imposer un style de vie, que l’on arrête de vouloir me dicter de quelle façon je dois me sentir libre, et que l’on n’interfère plus dans mon rôle de mère.

Pas assez de chômage en France ? Les femmes au foyer, musulmanes ou pas, mamans ou pas devraient-elle désormais aller s’inscrire à Pôle Emploi afin de faire gonfler les chiffres et surtout d’être enfin considérées comme des personnes à part entière ?
Éduquerles adultes de demain n’est-il pas un travail suffisamment important pour être valorisé dans cette société qui ne mise que sur la productivité et le capitalisme ?

Envie de rire sur le même sujet ? Lisez l’article suivant : Femme au foyer… mais pas désespérée !