Article écrit par Abou-ilyès, doctorant en Histoire politique.

Pour l’année 2010, on peut lire dans le rapport du CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France) que sur 152 actes islamophobes recensés, 115 touchent des femmes, 22 des hommes et le reste (soit 15) sont des actes visant les musulmans en général. La femme reste donc  la principale victime de  l’islamophobie en France avec 75,6% des cas visant les individus (1).

Parfois  ces  actes  prennent  place  dans  le  milieu  scolaire  et  un  certain  personnel  de l’Education  National  profite  de  la  brèche ouverte  par  cet  acharnement  politico-médiatique sur l’Islam pour assouvir des pulsions islamophobes. Laissons à d’autres  la posture de  la victime et voyons ensemble quelle attitude adopter en pareilles circonstances…

Les actes islamophobes au sein de l’Education Nationale, des actes isolés ?

Prenons  quelques  situations  concrètes  et  tachons  de  comprendre  ce  qui  a motivé  les personnes impliquées dans l’acte discriminant.

Novembre 2010, mère d’élève voilée et sortie scolaire :

Le 19 novembre 2010, Madame A. demandait  à  la maîtresse de  son  enfant  si  la  sortie scolaire  était maintenue  et  si  elle  avait besoin  de  parent  accompagnateur.  Il  lui  a  été affirmé, aussi bien par  l’enseignante que par  la directrice de  l’école,  le  jour même, que les mères de  famille qui portent  le  foulard ne pouvaient pas accompagner  les élèves et que c’était « la loi » (2).

Dans  ce  cas,  comme dans  la majorité des  situations,  les  auteurs de  l’acte discriminant font  référence à une  loi qui n’existe pas   Ces personnes  ‘surfent’  sur  l’air du  temps et décident  d’exclure  une  personne  pour  ses  convictions  religieuses.  La  décision prise relève davantage d’une subjectivité personnelle que d’un cadre légal (3).

Conscients de cette dérive, les parents d’élèves (FCPE) ont d’abord demandé un rdv avec la  directrice  de  l’établissement et ont ensuite  sollicité  un  rdv avec l’Inspecteur d’académie qui n’a pas donné de réponse. S’il  est possible de dialoguer  avec des personnes de bonne  foi et recherchant le strict respect de la loi, en revanche avec des personnes qui ne font qu’extrapoler et interpréter la loi à des fins dogmatiques(4), il semble que l’on s’engage dans un dialogue de sourd…

Bien que conforté par le Ministre de l’Education Nationale, cet acte n’est qu’un acte isolé qui ne trouve aucun fondement dans la loi française   D’ailleurs, en France, nombreuses sont  les mamans voilées accompagnatrices de  sorties  scolaires et  il ne viendrait pas à l’esprit  de  nombreux  enseignants  de  refuser  les  mamans.  En  effet,  l’implication  des parents  de  milieux  défavorisés  dans  la  scolarité  de  leurs  enfants  reste  une problématique pour l’Education Nationale.

Il en est de même dans d’autres milieux professionnels où un certain personnel impose des règles issues de lois qui n’existent pas. Ainsi  certaines  personnes se sont vues refuser l’accès aux Mairies, Hôpitaux, Centre commerciaux, locations de vacances sous prétextes du port du voile  ?

Dans l’ensemble des situations, il ne faut pas céder et se battre avec les moyens légaux à notre disposition. Ne perdons pas de vue que ces personnes sont des intégristes laïques qui souhaiteraient voir la législation s’opposer à l’Islam. Dans le cadre de la scolarité de vos enfants, la lutte est indispensable tant les enjeux sont importants.

Accompagner la scolarité à tout prix

En reprenant  le cas de cette maman à qui  l’accompagnement de  la sortie scolaire a été refusé, voyons quelles peuvent être les conséquences de cette éviction. Imaginez l’enfant qui cherche à comprendre  pour quelle raison sa maman  n’est  pas venue à la sortie scolaire.

Une telle exclusion ne joue-t-elle pas sur le rapport à l’école ?

Les  spécialistes  s’accordent  à dire que  l’Ecole ne participe pas seule de l’éducation de l’enfant. La famille étant le premier lieu d’éducation, une relation triangulaire Famille-Ecole-Enfant va alors construire cette éducation. Dans cette configuration, meilleures sont les relations  entre  les 3 acteurs et meilleurs seront les résultats. D’où  la nécessité d’entretenir une bonne relation entre l’enseignant et la famille pour ensuite espérer obtenir une bonne relation entre l’enfant et l’enseignant.

Être  présent,  s’investir  et  s’impliquer  dans  la  scolarité  de  son  enfant  c’est  également valoriser son travail, son effort, sa progression. L’enfant à besoin de cette présence pour donner du sens à sa scolarité.

Être présent c’est également participer à l’élaboration des actions proposées pendant et après  l’école  pour  accompagner  votre enfant. En cas d’absence des parents,  ces dispositifs sont élaborés sans que la demande soit réellement cernée : d’autres parlent à la place des familles et définissent ce qui est nécessaire (5).

Ce  qu’il  faut  retenir  c’est  qu’en  interdisant  aux mamans  voilées  de  s’investir  dans  la scolarité de  leurs enfants, ces enseignants ne font que refuser d’instaurer cette relation Parents-Enseignants indispensable au bien-être éducatif de l’enfant.

Or, les arguments avancés par ce personnel laïciste n’existent pas dans la loi française. Les  parents d’élèves discriminés ne doivent donc pas céder et au contraire s’investir dans les associations de parents d’élèves et si nécessaire, ne pas hésiter à créer une liste de parents d’élèves indépendante. Soyez présent(e)s à  la maison, à  l’école et ne  laissez personne vous empêcher d’être acteur de la scolarité de votre enfant.

Pour  finir,  il semble que certains aient pris les choses en main en considérant que  les établissements privés musulmans constituaient le seul  rempart contre les pulsions islamophobes qui  existent au sein du personnel de l’Education Nationale.

Communautarisme ? A qui la faute ?

Sources :

1 Document à télécharger sur http://www.islamophobie.net/art_read.php?ai=572

2 Extrait de la lettre de la FCPE de l’école J. Baker (Pantin) adressée au Ministre de l’Education nationale le 29 janvier 2011.

3 Dounia   Lylia Bouzar, La République ou la burqa/ Les services publics face à l’islam manipulé,  Albin Michel, Janvier 2010, p15.

4 Mme Palacio, directrice de l’école en question est une proche du mouvement laïciste (laïcité version extrême-droite) Riposte laïque auteur des Assises contre l’Islamisation…) : Ci-dessous un article de Mme Palacio … http://ripostelaique.com/Une-sortie-scolaire-c-est-un-temps.html

5  Glasman,  L’école hors l’école, ESF, Novembre 1992, p88.