La question de l’adoption en islam est complexe et on n’est pas forcément au courant de ce qu’elle engendre et des différences avec l’adoption dite « traditionnelle ». L’association Kafala.fr a accepté de répondre à quelques questions pour nous expliquer ce concept, le but de leur association et leurs actions. N’hésitez pas à les soutenir !

– De quel(s) constat(s) est née l’association? Qui est à son initiative?

Les membres fondateurs sont partis du constat suivant : des couples ou femmes célibataires désirant réaliser un projet de Kafala judiciaire, ne disposaient pas de structure d’échanges, de conseils et d’expériences. Les membres fondateurs ont donc décidé de créer une plate-forme d’échanges et d’aide aux candidats kafils sous toutes les formes existantes « internet, réunions, entretiens… ». Cette association a été créée à l’initiative  de trois couples, qui eux-mêmes sont passés par ce parcours de parents kafils au Maroc.

– Que signifie le terme « kafala »?

La Kafala (recueil légal) est l’engagement de prendre en charge la protection, l’éducation et l’entretien d’un enfant abandonné au même titre que le ferait un père pour son enfant. Elle s’apparente à une tutelle légale. La Kafala ne crée pas de lien de filiation entre l’enfant recueilli (mekfoul) et les parents recueillant (kafils) et ne donne pas droit à la succession.

La Kafala est un concept juridique reconnu par le droit international.

La convention des Nations Unis du 20 novembre 1989 relative aux droits de l’enfant dans son article 20  reconnait de plein droit la Kafala au même titre que l’adoption.

Cette convention est entrée en vigueur en France le 1er octobre 1998.

– Que dit l’islam au sujet de l’adoption?

L’Islam interdit l’adoption plénière qui entraîne  la rupture totale des liens juridiques entre l’enfant et sa famille par le sang. Un enfant, en particulier naturel (né hors mariage….), peut donc être recueilli par une famille adoptive, mais n’aura jamais les mêmes droits d’héritage qu’un enfant légitime: il s’agit d’une tutelle sans filiation.

– Quelles sont concrètement les différences avec l’adoption, telle qu’on l’entend en France notamment?

Coté cœur, aucune différence, nous avons affaire à des enfants qui nous appellent Papa et Maman, qui sont scolarisés normalement.

Coté administratif, cela se complique, notamment, en raison de l’article 370-3 du code civil qui n’intègre pas pleinement les spécificités de la Kafala en France (le Maroc prohibe l’adoption, donc la France ne va pas à l’encontre de la législation du pays d’origine de l’enfant et ne permet pas l’adoption de celui-ci).

Une circulaire a vu le jour quelques années plus tard (juin 2010) pour permettre une ouverture juridique à ces enfants en permettant l’acquisition de la nationalité française au bout de 5 ans de présence en France et la possibilité de demander une adoption simple au juge des tutelles.

Ces textes n’empêchent pourtant pas les méconnaissances des agents de l’état « CAF, Sécurité Sociale, Préfecture» et les discriminations que subissent les parents kafils par rapport aux parents adoptants à l’internationale.

– Est-il difficile d’adopter par la kafala? Y-a-t-il plus de freins?

Pour le Maroc, les candidats à la Kafala doivent répondre aux mêmes exigences qu’un parent adoptif  «agrément ou enquête sociale» délivrés par le Conseil Général français.

Une circulaire établie en septembre 2012 au Maroc est venue restreindre les conditions d’accès à la Kafala judiciaire. Désormais, il faut qu’au moins une des deux parties du couple soit d’origine Marocaine, la femme célibataire devant être aussi marocaine et il faut justifier d’une résidence au Maroc (parents, famille).

– Quelles actions mettez-vous en œuvre? Qui aidez-vous et comment?

L’association Kafala.fr aide, soutient et oriente les personnes souhaitant s’engager dans une procédure de Kafala judiciaire au Maroc. Pour les candidats kafils, nous avons mis en place un site internet « tchat, forums… », 5 lignes téléphoniques pour être à l’écoute des kafils, des réunions d’échanges sont organisées afin de partager les expériences de chacun, et des goûters permettent de rassembler les parents et les enfants issus de la kafala.

Enfin, une à deux fois par an nous dédions une action en faveur d’un orphelinat « dons financiers pour l’aïd adha, collecte de vêtements, de jouets, de livres… »

– Comment pouvons-nous vous aider?

Une structure comme la nôtre est toujours demandeuse de compétences diverses, de bénévoles, de dons…

– Un mot pour nos lectrices, notamment celles qui sont intéressées par l’adoption?

Pour les candidates, il faut savoir que la kafala est également ouverte aux femmes célibataires. Pour plus d’informations, connectez-vous sur Kafala.fr

Quelques chiffres, Kafala c’est :

  • 6 membres actifs à plein temps
  • Plus de 400 000 visites sur notre site web
  • Plus de 900 inscrits
  • Plus de 50 enfants recueillis depuis 2010
  • Une ouverture à l’internationale avec des partenariats associatifs en France, au Maroc et bientôt en Belgique.

Sur les réseaux sociaux…