Article écrit par Nadia Bencherif

La quatrième et dernière école sunnite de l’Islam fut fondée par Ahmed Ibn Hanbal. Il s’agit d’une école d’interprétation des textes sacrés musulmans propre à l’islam sunnite connu sous le nom « d’école hanbalite ».

 

Une vie de sciences : vers la fondation de sa propre école juridique

D’origine arabe, issu de la tribu des Banou Chiban, Ahmed Ibn Hanbal naquit en 736. Il fut l’une des personnalités les plus marquantes de l’islam. A la fois imam de Bagdad, puis théologien célèbre, il a aussi été  jurisconsulte et traditionniste musulman. Son père mourut trois ans après sa naissance lui léguant un petit héritage qui lui permit de vivre indépendamment mais modestement.

Il fut gouverneur de Sarakhs sous les Omeyyades et l’un des premiers propagandistes Abbassides. Il entreprit des études de jurisprudence musulmane et de hadith sous la direction des plus grands maîtres connus à l’époque.

Il convient de rattacher sa formation juridique à l’école du hadith du Hidjaz. Il était un fidèle disciple de l’Imam al-Shafi’i qu’il connut personnellement.

Après avoir étudié le fiqh et la science du hadith sous différents maîtres à Bagdad (il y suivit les enseignements de l’imam al-Shafi’i et d’Abou Youssouf, disciple d’Abou Hanifa et reçut des ahadith écrits de Mouhammad Al-Shaybânî) puis en Syrie et au Yémen.  Ibn Hanbal s’émancipa progressivement pour fonder une école de pensée plus  rigoureuse lui paraissant la plus conforme au Coran et à la Sunna.

Son œuvre la plus célèbre reste son Musnad (recueil de ahadith, paru au Caire en 1311). Son fils Abdallah contribua énormément au recueil et au classement de cet œuvre.

Réputé pour ses connaissances et sa persévérance, l’imam Hanbal était constamment sollicité pour des questions de dogmes, de morale ou encore de droit. Sa deuxième grande œuvre traite d’ailleurs de ces questions. Egalement célèbre, Le livre de la prière  (publié au Caire en 1323) traite de l’importance de la prière en commun et des règles que l’imam et les fidèles doivent suivre.

 

L’épreuve de sa vie

Sa notoriété  dans l’histoire de l’islam vient également  de la fermeté avec laquelle il tint tête à  la politique du califat mou’tazili (adeptes de l’idéologie selon laquelle le Coran serait une créature et pas la Parole révélée d’Allah). Cette doctrine fut imposée par la force aux savants et ceux qui s’y opposaient étaient démis de leurs fonctions. Lorsque l’imam Ibn Hanbal refusa d’admettre le dogme de la création du Coran il fut arrêté, emprisonné et torturé pendant deux ans et demi. Il ne renia jamais ses convictions et fut libéré en raison de la colère grandissante du peuple face à ces traitement humiliants: à sa sortie il se replia chez lui pendant 5 ans puis fut réhabilité par le Calife Al-Mutawakkil qui n’adhérait pas a la pensée mou’tazili et abolit alors la théorie de création du Coran.

Citons une des histoires durant sa détention, prouvant sa sagacité et sa bravoure.

« Al Mu’tasim  demanda « Comment s’est passée votre détention hier, O Ahmad ?

L’imam Ahmad dit « Cela s’est bien passé alhumdulillah sauf que dans ma cellule, O Amirul Muminin, j’ai vu quelque chose d’étrange ». Al Mu’tasim  demanda « Et qu’avez-vous vu ? ». Ibn Hanbal répondit « Je me suis réveillé au milieu de la nuit, j’ai fait mes ablutions et j’ai accompli ma prière en exécutant deux rakah. Dans une rakah j’ai récité la fatiha et ‘Qul Awdhou bi-rabi an-naas’ et dans la seconde rakah j’ai récité la fatiha et ‘Qul awdhou bi-rabi al-faalaq’. Ensuite je me suis assis, j’ai récité le tashahud et j’ai effectué la salutation finale (à droite et à gauche) … Je me suis ensuite relevé, j’ai fait le takbir et ai récité la fatiha … alors j’ai essayé de dire ‘Qul huwallahu ahad’, et là je n’ai pas pu. J’ai fortement essayé de dire quelque chose d’autre du Coran et je n’y suis pas parvenu. Alors j’ai jeté un regard dans un coin de ma cellule et j’ai vu le Coran étendu sur le sol, mort. Donc je l’ai lavé, je l’ai enveloppé, j’ai ensuite prié sur lui et l’ai enterré.

Al Mu’tasim dit alors ”Malheur à toi, O Ahmed, est-ce que le Coran meurt?! Et Ahmed lui répondit “Et bien c’est ce que vous dites, qu’il a été créé. Et toute créature meurt” », provoquant ainsi l’ire du calife”

Des disciples de grande renommée

Parmi ses fidèles élèves on retrouve ses deux fils, Salih et aussi les illustres imams al-Boukhari et Muslim, grands savants du hadith et parmi les plus notoires compilateurs de ahadith, en raison de leur rigueur dans les critères de fiabilité.

Ibn Taymiyya fut inspiré par son travail ainsi que  Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab, puis l’émir Muhammad Ibn Sa’ud. C’est la raison pour laquelle l’école hanbalite est aujourd’hui celle du royaume d’Arabie saoudite.

Fin de vie

L’Imam Ahmed Ibn Hanbal  mourut en juillet 813 à Bagdad, à l’âge de 75 ans, des suites d’une courte maladie. Il fut enterré dans le Cimetière des Martyrs « Maqabir ach-chouhada ».

Malheureusement, sa tombe fut le théâtre de manifestations de dévotions ardentes et d’innovations, à tel point que les autorités califiennes prirent la décision de faire garder le cimetière.

 Qu’Allah  l’enveloppe dans Sa miséricorde