Et si je me retrouvais malade et seul(e) ? Et si lorsque mon dernier souffle expirait il n’y avait personne capable de laver mon corps ? Lisez attentivement cet entretien avec Amel, aumônier des hôpitaux de Rouen. On apprend beaucoup de choses et c’est un excellent rappel pour nous, croyants. Qu’Allah récompense grandement ces frères et soeurs pour leur engagement sans faille auprès de la oumma.

ayada

Présentation de l’association AYADA

L’association AYADA est une association à but non lucratif créée en 2009 (FB : assoc AYADA site internet www.ayada.fr ) avec l’aumônier du culte musulman des hôpitaux de Rouen. AYADA est une association qui a pour objectif de visiter les malades, musulmans ou non, dans les hôpitaux ou maisons de retraites. Pour la majorité de ces malades, ils n’ont pas ou peu de famille, se retrouvent donc seuls ou par moment viennent de l’étranger pour se faire soigner.

Nous pratiquons également le lavage mortuaire lors de décès et je me charge de faire des formations dans différentes mosquées de Seine-Maritime. Nous sommes une vingtaine de bénévoles, majoritairement des femmes.
Je travaille depuis 2009 bénévolement, en 2011 j’ai été nommée aumônier du culte musulman femme par l’aumônier régional, hamdoulillah ça a été une concrétisation.
Nous sommes généralement contactés par les infirmières/ aides soignantes ou connaissances lorsqu’un malade se trouve dans l’un de nos 5 sites de visites. Nous visitons les malades, leurs apportons ce dont ils ont besoin (cela peut aller d’un repas, à payer le téléphone ou la tv dans la chambre, ou encore effectuer pour eux une démarche administrative…) puis nous les accompagnons jusqu’à leurs départ de l’hôpital ou jusqu’à leur décès. 

L’association en action :

faciliter le décès.

Lors du décès nous prenons en charge les démarches administratives (pompes funèbres) pour les familles et par moment les démarches financières (nous faisons des quêtes lorsque les familles n’ont pas les moyens) et nous apportons aussi un énorme soutien morale. Une fois les préparatifs du décès terminés nous intervenons dans les chambres mortuaires pour effectuer le lavage mortuaire de la défunte ou du défunt, nous avons une équipe de sœurs et de frères pour cela.

Le lavage mortuaire,

comment ça se passe ?

Le lavage mortuaire est un acte très important où notre responsabilité est mise en jeu. En effet nous devons suivre à la lettre les enseignements du Prophète salla Allahu ‘alayhi wa sallam et nous adapter aux demandes des familles sans aller à l’encontre des prescriptions religieuses.
Le lavage mortuaire doit s’effectuer par des frères ou des sœurs dignes de confiance qui sauront garder les dépôts de ce qu’il auront vu, ils devront pratiquer cet acte pour la seule Satisfaction d’Allah et être reconnus par la oumma comme étant des personnes qui ont une bonne pratique et de bonnes mœurs.

– Un homme peut laver son épouse et vice versa. 

– Une femme qui décède parmi des hommes peut être « lavée » avec le Tayammum (ndlr purification sèche) et inversement pour l’homme qui meurt parmi des femmes.

– Sinon, dans tous les autres cas une femme doit être lavée par des femmes et un homme par des hommes. 

Le lavage doit de préférence se faire avec du jujubier et du camphre comme nous l’a enseigné le Prophète salla Allahu ‘alayhi wa sallam, il faut déshabiller la défunte, couvrir sa awra’ (poitrine jusqu’aux genoux), presser légèrement le ventre pour faire sortir les excréments, laver et rincer.  
Puis commencer le lavage en lui faisant les petites ablutions sans faire entrer de l’eau dans le nez et la bouche, mouiller les cheveux et le corps d’eau, puis laver la défunte avec du jujubier en commençant par la droite devant puis droite derrière puis par la gauche devant et derrière, rincer et terminer par le camphre sans rincer. Le camphre a pour vertu d’éloigner les insectes et le jujubier mousse très bien une fois mélangé à de l’eau chaude ce qui remplace le savon.
Le lavage peut se faire 1, 3, 5 ou 7 fois selon l’état du corps.

Le lavage mortuaire :

NOTRE responsabilité

Tout musulman devrait savoir laver un défunt, c’est une énorme responsabilité de pouvoir laver ses proches. Et d’ailleurs le Prophète salla Allahu ‘alayhi wa sallam donne ce droit à la famille proche puis si la famille ne sait pas pratiquer le lavage, c’est à la oumma de prendre cela en charge.

Côtoyer la mort :

un immense rappel

À travers tout cela, le rappel de la mort nous revient sans cesse à l’esprit. En effet un jour nous visitons un malade en voie de guérison et le lendemain nous sommes contactés pour apprendre son décès, à ce moment-là tout nous rappelle que la vie est courte et qu’Allah peut nous reprendre à tout moment. Nous vivons des moments douloureux, tristes et cela nous frappe parfois de plein fouet !
Des bébés, des enfants, des mamans, des papas, des sœurs accidentées, des frères….
Soubhan’Allah durant toutes ces visites à l’hôpital nous partageons les peines de ces familles qui nous transperce le cœur, nous nous imaginons à leur place. Que ferions-nous ? Aurions-nous la même patience? Le même comportement ? Ou à l’inverse arriverions-nous à supporter cela? Tant de questions sans réponses… Une fois rentrés chez nous nous réalisons la grandeur d’Allah, et nous nous rappelons Ses innombrables Bienfaits.

Existe-t-il beaucoup d’initiatives

de ce type en France ?

 Il existe l’association ZIARA qui visite en Île-de-France, mais nous sommes la seule en Normandie à notre connaissance.

Comment aider ?

Pour aider notre association nous avons besoin surtout de serviettes, de gants de toilettes, de produits  afin de faire les toilettes mortuaires, de calendrier de prières à distribuer aux malades, de pierres pour faire tayammum, mais subhan’Allah à chaque moment des familles nous en apportent, hamdoulilah, Nous faisons tout fisabilillah sans jamais rien demander et par la Grâce d’Allah nous arrivons toujours à faire avec nos moyens. La récompense d’Allah nous suffit.

Si j’ai un message à faire passer, c’est qu’avec peu de moyens ont peut gagner d’énormes hassanates, il suffit d’avoir la bonne intention et de consacrer un temps à notre oumma. Il y a beaucoup de malades seuls et isolés qui n’ont besoin que d’un petit « salam aleykoum » pour leurs redonner le sourire. Leurs du’3as ne font que faire couler les larmes sur nos visages ! Alors prenons le temps de visiter nos malades ! Nous remplirons notre tombe de bonnes actions !

A l’instar de l’association AYADA, si vous connaissez des associations qui pratiquent ce type d’actions n’hésitez pas à les mettre en commentaires. Barakallahoufikoum