Elle nous emporte, elle nous fascine, elle nous passionne. Majestueuse et envoûtante, la tenture noir et or de la Kaaba, plus communément appelée Kiswa, nous questionne. Qui n’a pas rêvé de l’admirer de ses propres yeux, transis de passion pour elle ? Quelles sont ses origines et comment a-t-elle évolué au fil des siècles ? Qui est en est le créateur, le fabriquant et le gardien ? Que signifie-t-elle ? Tant de mystère et d’interrogations ne sauraient perdurer. Imane magazine enquête pour vous…

Fiche signalétique de la Kiswa :

Prix : plus de 17 millions de riyals saoudiens (plus de 3 millions d’€, certains disent jusqu’à 5 millions d’€).La tenture de la Kaaba
Poids : environ 700 kg, dont 670 kg de soie, 120 kg d’or et 50 kg d’argent pour les transcriptions qui la décorent.
Dimensions : Elle mesure 14 x47m, couvrant une surface de 658 m².
Description : Le tiers supérieur du tissu est le « hazam » qui signifie la ceinture. Le hazam fait 95 cm de largeur et 45 m de longueur et se compose de 16 morceaux. La ceinture est brodée des fils argentés couverts d’or, avec quelques versets du Coran écrits avec le modèle d’Al-Thuluth de la calligraphie arabe. On tisse la Kiswa manuellement et l’on a également recours à quelques méthodes automatiques.
Les versets coraniques de la Kiswa : Bien que le texte des inscriptions ne change jamais, le modèle de conception et d’écriture est changé de temps en temps, avec des suggestions faites par un groupe d’artistes et de calligraphes.
Processus d’impression : Seulement quelques personnes peuvent effectuer ce travail ; elles sont nommées par les hautes instances religieuses. L’usine emploie plus de 200 personnes, hautement qualifiées et sont toutes de nationalité saoudienne.
La Kiswa est changée tous les ans, le 10 dhou al-hijja du calendrier musulman, date qui correspond à la fin du hajj.

Historique de la Kiswa :

Certaines sources indiquent que c’est le fils d’Ibrahim (‘alayhi salam), Ismaïl, qui couvrit le premier la Kaaba. D’autres attribuent cela à `Adnan ibn `Ad, le grand-père de notre bien-aimé prophète Muhammad (salallahou ‘alayhi wa salam). Cependant la plupart des sources conviennent que c’est Tuba’, roi de Humayyur au Yémen, qui fut le premier à avoir instauré cette tradition. Bien que la soie soit importée hors de l’Arabie saoudite, la Kiswa est cousue dans une usine implantée depuis 30 ans dans le pays.

Le Prophète (salallahou ‘alayhi wa salam) ainsi que les musulmans n’ont pas participé à couvrir la Kaaba avant la prise de Makkah, car les Quraychites ne leur ont jamais permis de le faire. Quand la ville fut prise, le Messager d’Allah (salallahou ‘alayhi wa salam) n’a pas changé la Kiswa jusqu’à ce qu’elle ait été brûlée accidentellement par une femme qui fumigeait la Kaaba. Il a drapa alors la Kaaba avec un tissu yéménite. Tous les types de textiles connus dans la période préislamique étaient utilisés pour couvrir la Kaaba – paille, soie, tissu yéménite rayé, garnitures irakiennes, châles yéménites, et tissu égyptien copte.

kaabaAu cours du temps, les nouvelles kiswas offertes, ajoutées au dessus des précédentes, s’accumulèrent et alourdirent la Kaaba, de sorte que la Kaaba risquait s’effondrer sous leur poids. Lorsque le calife abbasside Al-Mahdi effectua le hajj en 775 (160H), il ordonna de toutes les enlever sauf une, ce qui deviendra la norme jusqu’à nos jours. Le calife Al-Mamoun couvrait la Kaaba trois fois par an : il utilisait le brocard en soie rouge, le brocard de tissu et des vêtements blancs coptes. Après ceci, le calife abbaside An-Nasir, couvrit la Kaaba avec du tissu vert, puis avec du tissu noir, qui devint la couleur définitive de la Kiswa.

Jusqu’en 1927, la fabrication et le travail manuel de la Kiswa a lieu en Égypte. Elle était transportée dans une litière spéciale à la tête d’une caravane égyptienne comme cadeau de la part du roi d’Égypte, et la transporter à La Mecque était un grand honneur. L’histoire de la Kiswa est riche de rebondissements. La Kiswa est très précieuse, extrêmement coûteuse et est fabriquée et manipulée avec le soin le plus parfait. Sa tradition déjà ancienne perdure et perdurera toujours.

Cette parure fabuleuse revêtue des paroles d’Allah, n’est pas prête à rendre son âme au temps, elle ne vieillit pas, tout comme la fascination qu’elle nous inspire, au nom d’Allah Ta’ala.