Dans le monde arabe, près d’une femme sur deux est analphabète. Ces chiffres alarmants du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) nous montrent une réalité consternante : les pays arabo-musulmans font partie de ceux qui investissent le moins dans l’éducation de leurs ressortissantes féminines [1]. Cette réalité permet à nos détracteurs et islamophobes d’établir un lien entre illettrisme et Islam. Pourtant, la culture musulmane est de loin celle qui a le plus encouragé l’instruction des femmes. Cette promotion du savoir se retrouve en premier lieu dans les propos du Prophète de l’Islam (Paix et Bénédictions d’Allah sur lui) qui n’a jamais interdit aux musulmanes d’accéder à la science. Bien au contraire, de nombreux hadiths ont été rapportés à cet égard :

Selon Abou Hourayra (qu’Allah l’agrée), le Prophète (Paix et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit:

« Celui qui prend une voie à la recherche d’une science, Dieu lui facilite une voie vers le paradis.»

[Rapporté par Mouslim]

Selon Anas Ibn Malik (qu’Allah l’agrée), le messager d’Allah (Paix et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit:

« La recherche de la science est une obligation pour chaque Musulman, et certainement celui qui cherche la science, tout chose demande pardon pour lui jusqu’au poisson dans la mer. » 


[Rapporté par Abou Ya’la]

Le Prophète Muhammad (Paix et Bénédictions d’Allah sur lui) n’a jamais négligé ou ignoré la soif de savoir de ses consœurs. Un jour, une femme vint le voir et lui dit : « Ô Messager d’Allah ! Les hommes se sont emparés de toutes tes paroles, consacre-nous donc un moment pour que l’on puisse te rencontrer et que tu nous enseignes ce qu’Allah t’a appris. » Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) dit : « Réunissez-vous ce jour-là et ce jour-ci. » Ce qu’elles firent aussitôt ; durant ces jours, le Prophète (Paix et Bénédictions d’Allah sur lui) leur enseignait ce qu’Allah lui avait appris.  [Rapporté par Mouslim]

Les hadiths dans ce sens sont nombreux, et les érudits sunnites n’ont pas rompu avec ces enseignements. Ibn al-Jawzi (m. 597 H/1200), célèbre savant hanbalite, écrit dans Ahkâm al-Nisâ (Les Règles religieuses concernant les femmes) :

« La femme a le [même] devoir que l’homme, il lui incombe donc d’apprendre ses devoirs et obligations religieuses jusqu’à ce qu’elle soit ferme et capable de les mettre en pratique. Si elle a un père, un frère, un époux, ou quelque autre proche masculin qui puisse lui apprendre les prescriptions de la religion, et lui enseigner la manière d’accomplir ses devoirs, cela lui sera suffisant. S’il n’y a personne [parmi ses proches], elle doit demander à d’autres, et apprendre d’eux. Si elle est capable de trouver une femme qui puisse lui enseigner, elle s’instruira avec elle. Sinon, elle étudiera auprès d’hommes âgés sans qu’ils ne soient seuls, et elle se contentera de ce qui est nécessaire pour elle de connaître. Et chaque fois qu’une question se soulèvera à propos de sa religion, elle doit demander et ne pas être timide, car Allah n’a pas honte de la vérité. »

 

Dans la pratique, les exemples de femmes qui se sont illustrées sur la scène scientifique ne manquent pas. A commencer par les épouses du Prophète (Paix et Bénédictions d’Allah sur lui), elles s’avèrent être les témoins privilégiées de la révélation et les détentrices d’un savoir unique. Elles nous ont légué aujourd’hui un héritage scientifique exceptionnel. Ainsi, grâce à Aisha bint Abi Bakr al-Siddiq (qu’Allah soit satisfait d’elle), l’épouse préférée de notre bien aimé Prophète (Paix et Bénédictions d’Allah sur lui), nous connaissons aujourd’hui 2210 hadiths. A la mort de Muhammad, c’est elle que les compagnons questionnaient lors d’un litige. Urwa ibn al-Zubayr (neveu d’Aisha), rapporte d’après son père : « Je n’ai vu personne connaitre aussi bien le Coran, le licite et l’illicite, la poésie, le récit des arabes et les généalogies comme Aisha, qu’Allah l’agrée ». [Sifat al-Safwa, Ibn Al Jawzi]. De nombreux récits nous montrent sa soif de savoir et son insatiable curiosité.

Les Tâbi’iyât, les femmes qui ont succédé aux Sahabiyât (femmes compagnons) n’étaient pas moins impliquées dans l’apprentissage et la diffusion de leur religion. Certaines de nos sœurs étaient connues et reconnues dans la transmission du hadîth, d’autres se sont illustrées dans la délivrance de fatawa (avis juridiques), le Coran, la grammaire arabe etc. Les hommes n’hésitaient pas à solliciter une femme qu’ils reconnaissaient plus savante qu’eux, et de nombreux érudits comptaient des femmes parmi leurs professeurs sans que cela ne diminue en rien leur notoriété ou la qualité de leur savoir. En bref, le rôle des femmes ne se cantonnait pas aux tâches ménagères et aux enfants, mais leur contribution allait bien au-delà de la sphère privée, elles étaient impliquées dans la vie sociale et scientifique de leur communauté, et était reconnues pour cela.