Parce que nous avons différentes perceptions et différentes façons d’appréhender nos vies, nous vous proposons à travers ce témoignage, une lecture animée ET qui anime nos émotions… Même si certaines personnes ne sont absolument pas confrontées à cela et/ou ne le vivent pas de la même manière cela n’exclut pas le fait que ce qui nous est relaté est une situation plutôt courante. Il ne s’agit heureusement pas d’une généralité mais cela n’empêche pas que de nombreuses personnes font face à cette situation. Mayssa S. nous raconte les difficultés rencontrées et sa réalité face au mariage. 

Je vous écris afin de vous faire part d’un témoignage, ou plutôt de ma colère face à une certaine injustice. J’ai lu, de nombreuses fois, des articles concernant des femmes qui n’arrivent pas à se marier. C’est de plus en plus courant, et on ne trouve toujours pas de solution sérieuse. Aujourd’hui je souhaite mettre le doigt sur l’une des raisons qui rend le mariage si difficile pour certaines personnes.

Cette raison n’est autre que : les études et la carrière ! Et oui, plus on est diplômée et plus on tient à travailler, plus il sera dur de trouver un époux qui nous accepte telle que l’on est. La vérité c’est que beaucoup d’hommes de notre communauté pensent de façon archaïque : une femme reste à la maison, n’exprime pas trop ses désaccords, et se contente d’être une épouse et une mère. Si la femme a déjà pour projet d’être mère au foyer alors c’est parfait, mais qu’en est-il de celles qui ne le souhaitent pas ?

Plusieurs fois, on a voulu me présenter des hommes. Cherchant à me marier depuis quelques années déjà, je reste ouverte pour des présentations. Gros problème : je suis encore dans un cursus d’études et la condition du premier « monsieur » que l’on m’a présenté était que j’abandonne mes études pour rester à la maison. J’ai donc refusé de le rencontrer. On m’a proposé une deuxième personne, mais pareil : là encore je refuse toute rencontre. Je fais alors la connaissance d’un troisième homme qui me dit préférer que sa femme reste à la maison, je ne donne pas suite. Je décide d’en parler avec quelques amies, et là je remarque une chose : beaucoup rencontrent le même problème. Leurs diplômes et leurs ambitions sont un frein pour le mariage. J’en rencontre même une dont le prétendant a posé comme condition « d’avoir au travail une position inférieure à la sienne » ! En effet il était inenvisageable pour lui que sa femme puisse avoir une meilleure position au travail, encore moins un meilleur salaire ! J’en ai également parlé avec d’autres personnes via facebook, et là encore même constat. En regardant autour de nous, et au vu de nos rencontres, nous réalisons que si nous étions de celles qui préfèrent être femmes au foyer, nous serions mariées depuis longtemps déjà.

Et c’est là que ma colère monte. Je suis en colère contre une partie des hommes de cette communauté, ceux qui sont machos, et n’ont pas compris leur position au sein du mariage. En effet, si certains parlent d’égalité, la vérité est toute autre : ils veulent la supériorité. Ils veulent des femmes soumises, qui se chargeront seules des tâches ménagères, qui ne sortiront pas trop du foyer, et qui n’ouvriront pas trop leur bouche. Voilà le profil de la femme idéale pour certains hommes musulmans.

Pour moi, mari et femme sont compagnons. L’un n’a pas l’ascendant sur l’autre. Le prophète (saws) n’a jamais traité ses femmes comme des servantes, et elles étaient d’ailleurs très éduquées voir même bien plus riche que lui comme c’était le cas par exemple de Khadija (radi Allahu anha). Est-ce que le prophète (saws) a eu l’impression de perdre sa virilité pour autant ? Non, il était toujours là pour les soutenir, les protéger et il les aidait activement au sein du foyer (ménage, cuisine etc).

De nos jours, certains hommes de notre communauté sont incapables de cela. Si leur femme occupe un emploi « supérieur » au leur, ils se sentent diminués, et si celle-ci à un meilleur salaire, encore pire. Pourquoi ne pas tout simplement se réjouir que sa femme ait un super travail, et soit rémunérée à la hauteur de ses efforts ? Ils disent de nous que nous sommes trop « occidentalisées » (et je l’ai entendu de beaucoup de femmes aussi d’ailleurs !) Khadija (radi Allahu anha) était-elle francisée elle aussi ? Non elle était indépendante, à la tête d’un grand commerce et bien plus riche que le Prophète (sallalahou alayhi wa salam), pourtant elle fut tant aimée de lui, et elle sera l’une des quatre meilleures femmes du paradis. Comme si nous ne pouvions pas avoir une carrière et être aussi une bonne musulmane, une bonne épouse et une bonne mère. 

Pour conclure, il est grand temps de changer les mentalités chez certains hommes musulmans, de leur apprendre la différence entre ce qui est culturel et religieux. Je trouve ça désolant que certains hommes musulmans, souvent les plus « rigoristes », estiment que la place d’une femme est à la maison, et se sentent menacés par les femmes indépendantes. Nous serons récompensées pour nos études, et nous avons le droit d’avoir une carrière, pour laquelle nous serons peut-être aussi récompensées (médecin, professeur, chef d’entreprise qui crée de l’emploi et traite correctement ses salariés etc…). Nous avons le droit d’exister en tant que FEMMES, de manière indépendante, et pas seulement être la « femme de » ou la « mère de ». Nous sommes aussi des individus à part entière, avec nos propres ambitions, qui ne sont pas forcément toujours liées à notre famille.

Pourquoi la parité au sein du couple et de la famille est-elle donc si difficile à accepter pour un homme musulman ? C’est pourtant bien l’enseignement de notre religion …

On attend vos réactions face à ce témoignage !