Je suis une jeune femme de 21 ans, célibataire, résidant toujours chez mes parents en Ile de France. Cela fait maintenant plusieurs mois que je porte le voile intégral (niqab : voile couvrant le visage et ne laissant apparaître que les yeux).hors-la-loi

Lorsque le débat sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public a débuté, je ne me sentais même pas concernée. Je les entendais parler de mon habit, mais ils étaient vraiment loin de sa réalité, et alignaient préjugés après préjugés. Il me semblait qu’ils ne parlaient que du cas des femmes mariées que leurs maris forçaient à porter le voile intégral. Or pour moi (et c’est aussi le cas de plusieurs femmes autour de moi), le porter est une liberté, un choix et je ne me sentais vraiment pas visée par ce projet de loi.
Quelques temps après, la loi passait, pour toutes, forcées ou pas. Le port du voile intégral allait donc être interdit dans les lieux publics.

Concrètement, quotidiennement, cela n’a rien changé dans mes habitudes ; je prends les transports, je vais faire mes courses, je vais dans les services administratifs et pour l’instant je n’ai jamais eu de problèmes. Al hamdulillah.
Je me sens libre, je suis une personne comme les autres : je laisse ma place aux personnes âgées dans le bus, j’aide les femmes à porter leur poussettes, je mange, fais des courses, j’aime lire … Je suis UNE FEMME, comme toutes les autres, sauf qu’à l’extérieur et par amour pour mon Seigneur et ma religion, je cache mon visage. Et aujourd’hui, je suis hors la loi…pour ça.

Je fais tout ce qu’une femme sans niqab fait, il n’y a pas de différence pour moi, si ce n’est que je suis souvent victime du rejet des personnes qui ne comprennent pas mon choix. Il y a des jours où les gens sont désagréables jusqu’à être agressifs ; ils se croient tout permis car la loi est passée. Et d’autres jours des femmes viennent me voir pour en savoir plus sur le niqab. J’éveille aujourd’hui malgré moi colère, indignation et curiosité…pour ça.

Le choix de le retirer à cause de cette loi ne m’a même pas traversé l’esprit car pour moi, être libre, c’est avoir la liberté de choisir l’habit que l’on porte, qu’il soit religieux ou non. C’est une liberté fondamentale pour moi, celle de choisir son vêtement.
Et ô combien les « « « féministes » » » se trompent ! Le plus grand combat féministe de ce siècle est bien celui du droit à la pudeur (qu’elle soit motivée par la religion ou non)!

C’est mon droit, ma liberté, mon choix.

Manel

Retrouvez également les conseils de notre coach Amel Rachem concernant ce sujet.

Suite à ce témoignage, Imane magazine souhaite partager avec vous ce film-reportage d’Agnès de Féo, qui donne la parole aux véritables concernées. Mention toute spéciale à Mr Raphaël Liogier, directeur de l’Observatoire du religieux, pour sa réflexion intelligente et clairvoyante.