S’il est un sujet tabou au sein des familles, c’est bien celui-ci ! Un article récemment paru dans le journal le Monde  avançait le chiffre de 146 décès dus aux violences conjugales en 2013. Ayant été juriste au sein d’une association d’aide aux victimes, j’ai  eu à côtoyer des femmes, et dans de rares cas des hommes, de tous milieux victimes de ce « piège ». J’emploie ce terme  volontairement car les victimes se sentent souvent coupables, s’emmurent dans le silence, totalement dominées par leurs bourreaux. Malheureusement, notre communauté n’est pas extérieure à ce phénomène. En tant que musulmans et musulmanes, nous devons nous référer aux enseignements de notre noble religion, loin des clichés, des mauvaises interprétations et de certaines traditions familiales étrangères à l’Islam.

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Que signifie violence conjugale ?

La réponse peut paraître évidente, mais elle mérite qu’on s’y attarde. Lorsque  l’on évoque les « violences conjugales », on pense  souvent à des violences physiques. Le sens légal est bien plus large, il englobe différentes facettes, des violences physiques aux violences verbales.

Sous l’impulsion des autorités publiques, des experts médicaux et légaux ont établi une définition : « processus évolutif au cours duquel un partenaire exerce, dans le cadre d’une relation privilégiée, une domination qui s’exprime par des agressions physiques, psychiques ou sexuelles. Elles se distinguent des conflits de couples en difficulté » *

La maltraitance psychologique, plus insidieuse, est toute aussi dévastatrice. Citons le cas d’une femme (dont le mari ignorait délibérément l’augmentation du coût de la vie) qui devait faire ses courses hebdomadaires avec la même somme depuis plusieurs années. Son compagnon exigeait la même monnaie et les mêmes quantités  chaque semaine. Autre exemple, un homme auquel on servait les repas dans une gamelle pour chien  soubhanallah !

Le point commun de ces personnes ? Elles ignoraient être victimes de violences conjugales ! Et pourtant, les deux vivaient dans la terreur au quotidien.

Quels recours ?

Depuis le début des années 2000, les autorités publiques portent une attention particulière à ce problème. Des lois ont été votées, des fonds alloués, des permanences et centres d’accueils  ouverts, des associations soutenues et créées pour aider les victimes.

Concrètement, comment agir ?

Dès lors que la victime se reconnait en tant que telle et est décidée à agir la première difficulté, et non des moindres, consiste à procéder aux démarches.

  • Les violences physiques : une plainte devra être déposée, un certificat médical sera établi par un expert médico-légal. Sans cette preuve matérielle, il sera difficile  de prouver  les faits. Recueillez le plus d’éléments possibles : mains courantes, témoignages, photos, etc. Faites-vous assister par  vos proches, une association, un avocat.
  • Les autres types de violences : Les mêmes recours vous sont ouverts. Toutefois, apporter la preuve de violences psychologiques est moins aisé… mais pas impossible !

Dans les deux cas,  sachez que des associations de médiation familiale existent. Elles peuvent vous aider à rompre le cercle vicieux, rétablir le dialogue ou alors faire  le point, un constat d’échec et repartir vers d’autres horizons. Pour finir, rappelons-nous que l’Islam préconise le dialogue et la douceur au sein des foyers. En cas de difficultés, le Coran incite à la médiation (un membre de la famille de la femme et un membre de la famille du mari)*.  En dernier recours, l’Islam fut  la première religion monothéiste à avoir autorisé le divorce .

Contacts utiles

– 08 Victimes. Par téléphone : 08 842 846 37 depuis la France métropolitaine (ou 00 33 1 41 83 42 08 depuis l’Outre-mer ou l’étranger)

– 3919 : aide aux victimes de violences. Par téléphone : 3919.

– en Belgique, un numéro vert : 0800/30 030  www.ecouteviolencesconjugales.be

– centre d’information sur les droits des femmes.

– maison de justice et du droit

– mairie

– Tribunal de grande instance

– commissariat de police

 Sources

* Définition  du professeur Henrion  dans son rapport public au secrétaire d’état à la santé  de  février 2001.

* Le figaro.fr

* Sourate an-Nissa, verset 35