Rédigé par Siham, lectrice d’Imane magazine, rédactrice indépendante sur www.alencredemaplume.com

Note : Nous ne souhaitons aucune polémique sur le fait de devoir voter ou non.

J’ai dans les veines du sang qui trouve sa source de l’autre côté de la Méditerranée. Nullement basanée, je suis blanche de peau… mais bronzée de cœur. Je descends d’un homme, je descends d’une femme, qui ont traversé la mer en ferry avec d’autres venant des portes du Sahara ou des montagnes du Rif. Née chez les bonnes sœurs, j’ai reçu l’éducation de la tolérance, du vivre à sept, du vivre ensemble, du vivre sans frontières. J’ai côtoyé l’école de la République. J’ai appris à la maison le sens du verbe étudier.

L’école, je l’ai aimée à ne plus vouloir la quitter. L’école, je l’ai aimée à en éviter les heures de colle en me faisant la plus discrète possible. Respectueuse, je l’ai été (et le suis). Attentive, je l’ai été (et le suis encore) m’orientant vers le premier rang plutôt que le dernier, même si la chaleur du chauffage pouvait m’attirer. Mon enfance ne s’est pas faite avec une cuillère en or dans la bouche, je ne suis héritière de rien. Enfin si ! Du besoin de connaître l’autre, de l’inviter à ma table. Je mange avec les doigts dans un seul plat, un plat qui réunit souvent près d’une dizaine de personnes. Chez moi, on dit que quand il y en a pour deux, il y en a pour bien plus. C’est ce que l’on nomme l’hospitalité. J’ai commencé par fréquenter des Marocains, comme moi, puis des Tunisiens, des Algériens, des Espagnols, des Portugais, des Italiens, des Yougoslaves, des Turcs… Mais aussi des Chinois, des Congolais, des Mauritaniens, des Saoudiens, des Jordaniens… en un seul endroit ! En France ! Là où certains s’entêtent à vouloir parler de France aux Français. Foutaise ! Qu’ils sortent de leurs environnements respectifs où ils voient sans cesse les mêmes visages et ils verront l’Hexagone cosmopolite.

La France appartient à tous ceux et toutes celles qui ont contribué à la construire, à tous ceux et toutes celles qui lui permettent d’être aujourd’hui. Elle appartient à ceux qui ne peuvent pas voter faute de nationalité, à ceux qui ont un nom bien trop étranger pour avoir le droit de s’exprimer. Ils sont la France d’aujourd’hui et se lèvent très souvent tôt le matin. Eux ne sont pas fermés aux autres, ils vivent au contact des autres. Ils ne sont ni xénophobes, ni racistes, ni intolérants… Leurs idées ne sont pas étroites, ils n’ont peur de rien. Ils aiment les couleurs comme mon neveu et ma nièce riches de leur métissage qui fait leurs personnalités. Alors mon monde est un arc ciel voilà pourquoi je n’ai pas voté Marine Le Pen. Certes j’ai le cœur national mais je ne m’en tapisse pas le front. Eva Joly a dit qu’elle est Norvégienne et ménopausée. Moi, je suis Marocaine et j’ai encore toute la vie devant moi pour mettre des enfants au monde qui ne voteront pas non plus pour les héritiers de Marine Le Pen.