Découvrez le témoignage de Meryl, une soeur reconvertie qui souffre d’une maladie qui fut une cause de sa conversion ! Une histoire qui fait écho à notre numéro spécial « Vivre malgré la maladie ». Un texte riche en émotions et en enseignements qui rend humble face aux facilités que l’on a, en tant que valides, et qu’on n’apprécie pas toujours à leur juste valeur. Alhamdoulillah !

32170504 – young muslim woman praying in mosque

[quote][/quote] As salam aleykum,

Ma conversion et la maladie sont intimement liées. Je viens d’une famille catholique, et j’ai toujours cru en Dieu. A vrai dire, j’avais du mal à comprendre pourquoi la relation à Dieu était aussi codifiée dans la religion catholique. Pourtant tous les soirs je Lui parlais dans mon lit, avant de m’endormir. Arrivée à l’âge adulte, je Lui parlais toujours, mais j’étais en quête de quelque chose spirituellement, je ne savais pas le définir. 

Après la naissance de ma fille, on m’a diagnostiquée une spondylarthrite ankylosante, c’est une maladie auto-immune qui affecte les articulations, le bassin et la colonne vertébrale. Mes yeux sont aussi touchés, je souffre de photophobie et ma vision est assez mauvaise. Je suis très fatiguée et j’ai du mal à me concentrer. Plus tard, on a aussi diagnostiqué la maladie de Crohn, qui touche le système digestif. J’ai un régime alimentaire très strict, malgré un traitement qui affaiblit mon système immunitaire. Ces maladies sont dégénératives et ne se guérissent pas. Al hamdulillah je vais mieux grâce aux médicaments, malgré de lourds effets secondaires.

Ma maladie ? Une cause de ma conversion !

Suite au diagnostic, mon réflexe a été de savoir ce que Dieu pensait de tout ça. Je pensais qu’Il m’avait punie, je pensais « mais pourquoi moi ?? ». J’ai alors lu un article sur l’Islam et le handicap. L’amour d’Allah m’a alors submergée, j’ai enfin compris !!! Compris que ce n’était pas une punition, que ce n’était pas un fardeau, mais c’était un cadeau. Un cadeau un peu lourd et encombrant certes, mais un magnifique cadeau : le pardon de mes péchés, ici bas, tout de suite et maintenant. Son amour est tellement immense qu’Il m’éprouve ici bas, afin de préparer l’au-delà. J’ai beaucoup pleuré, et j’ai encore les larmes aux yeux, ainsi qu’un immense sourire, en écrivant ces lignes. Allah est si grand, et je suis si petite, pourtant Son amour est immense  ! 

La oumma n’est pas toujours tendre…

Mon entrée dans la oumma a été en revanche un peu plus compliquée. J’ai parfois l’impression d’écoper d’une double peine : je suis reconvertie ET handicapée. Il est parfois difficile d’expliquer que je dois prier assise, car mes genoux refusent de m’obéir. Il est parfois difficile d’apprendre, de mémoriser, quand je suis fatiguée ou nauséeuse à cause des médicaments. Il est parfois difficile d’affronter les sourcils qui se froncent quand je cale ma canne à côté de moi à la mosquée, ou que je doive régulièrement m’hydrater pendant le mois de Ramadan, car j’ai tout juste trente ans et mon handicap est invisible. Al hamdulillah, l’Islam est une religion de facilité. Je me sens privilégiée, car j’ai l’impression que notre Prophète (sallalahou ‘aleyhi wa salam) a pensé à moi en décrivant la prière et le Ramadan du malade, en parlant du statut de l’handicapé au sein de la oumma. Je suis pourtant parfois envieuse, j’aimerais connaître ce que c’est de jeûner, de rompre le jeûne ensemble, de vivre intensément le mois béni de Ramadan. Je sais pourtant qu’Allah sait mieux, et que j’ai le droit d’adapter ma pratique religieuse à ma santé, mais parfois aussi j’aimerais être comme tout le monde. 

De belles rencontres

Mais heureusement, j’ai rencontré des soeurs sur internet ayant la même pathologie que moi. Nous discutons beaucoup, nous nous soutenons et nous nous motivons. Certaines choses semblent si simples lorsqu’on est valide, et une fois malade, ce sont d’immenses difficultés. Se réveiller à l’heure, se lever, s’alimenter, s’occuper des tâches ménagères ou travailler… Bref, nous nous comprenons. Par exemple, prier Fajr à l’heure est comme escalader l’Everest pour moi ! Il faut déjà pouvoir me réveiller, souvent très fatiguée à cause des douleurs durant la nuit, la tête qui tourne à cause des médicaments. Certains jours mes jambes sont paralysées au réveil, je prie dans mon lit. Il faut ensuite se rappeler de ce qu’il faut dire, réciter al Fatiha sans rien oublier, ne pas se rendormir, ne pas être distraite … C’est une épreuve, mais quelle joie de pouvoir y arriver ! Quelle joie de, moi aussi, avoir ce temps privilégié avec notre Créateur !  

Douceur et bienveillance svp

Pour terminer, j’aimerais dire à mes soeurs valides d’être attentives, nos handicaps sont parfois invisibles et nous souffrons en silence. Les rappels un peu rudes peuvent d’autant plus nous blesser car nous essayons, nous aussi, de faire de notre mieux, mais parfois notre corps ne veut pas suivre. Je rêve d’une oumma unie, de soeurs qui s’entraident et qui font attention aux unes et aux autres. Je sais que c’est possible inchAllah, beaucoup sont de vraies perles ! 

A mes sœurs en situation de handicap, sachez que le handicap ne vous définit pas. Il est ce que vous en faites. En islam, l’handicapé n’est pas le sourd, celui qui est en fauteuil roulant ou celui qui souffre d’un retard mental. L’handicapé est celui dont la foi baisse tellement qu’elle disparaît.

Mon voyage au travers de la maladie m’a permis de rencontrer Allah, je souhaite que le vôtre soit tout autant empli de sens inchAllah.

Pour aller plus loin :