Pour clore cette magnifique saga qui nous a permis de (re)découvrir l’histoire si intense de quelques-uns des Compagnons (Abu Bakr, Bilal ibn Rabah, Mus’ab ibm ‘Umayr et ‘Umar ibn al-Khattab) du Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam, nous partons aujourd’hui à la rencontre de Salman Al Farîsî ou Salman le Perse dont le cheminement est une incessante quête de vérité et qui est pour nous un exemple de dévotion, de courage, d’intelligence et d’ascétisme.

Salaman-al-farîsî

Originaire de Perse et issu d’une famille aisée dont le culte était voué aux mages adorateurs du feu, la religion de Zoroastre, il était fervent pratiquant. Cependant, en découvrant le culte chrétien, touché par les prières et les chants, il conclut que cette religion était meilleure que la sienne. Séquestré par son père lorsque celui-ci apprit la nouvelle foi de son fils, Salman parvint à s’enfuir en Syrie et entama une longue quête de vérité et d’apprentissage. Il étudia auprès de plusieurs prêtres et les accompagna jusqu’à leur mort jusqu’à ce que l’un d’eux lui révèle la venue imminente d’un prophète prêchant la religion d’Ibrahim, ‘alayhi salat wa salam, sortant du pays des Arabes et possédant deux signes particuliers permettant de le reconnaitre : il refuse les aumônes mais accepte les cadeaux et entre ses épaules se trouve le sceau de la prophétie.

Il décida alors de se rendre en Arabie en accompagnant un convoi de marchands mais, trahi en cours de route, il fut vendu comme esclave puis revendu à un homme possédant une palmeraie à Yathrib (Médine). Il entendit alors parler de cet homme, suivi par de nombreux autres, qui se déclarait Prophète d’Allah ta’Ala et se rendit à Qubâ où il était établi. Dans un récit, Salman décrit lui-même la manière dont il s’adressa à lui : « J’ai appris que tu étais un saint homme et que tes compagnons sont étrangers à cette ville et ont besoin d’aide. Voici de la nourriture que j’envisageais de donner en aumône, je crois que vous en avez besoin plus que d’autres. ». Le Prophète avança le sac de dattes vers ses compagnons radi’Allah anhum et leur dit : « Mangez.», quant à lui, il n’y toucha pas. Voyant cela, je me dis: « Voilà un premier signe. ». A son arrivée à Médine, je revins le voir en apportant avec moi un autre sac de dattes et je lui dis : « J’ai remarqué que tu ne mangeais pas les aumônes. C’est pourquoi je t’ai apporté ces dattes comme cadeau. » Cette fois-ci il en mangea et réjoui par ce geste je pensais: « Par Dieu, il mange ce qui lui est offert comme cadeau. C’est le deuxième signe. ». Quelque temps après, je revins le voir alors qu’il était à Al-Baqî` pour l’enterrement d’un de ses compagnons. Je le vis assis, drapé de deux manteaux, au milieu de ses compagnons. Je me mis alors à regarder le haut de son dos, dans l’espoir de voir le sceau de la prophétie, ce qui attira son attention. Devinant ma pensée, il ôta l’un de ses manteaux, et je vis entre ses épaules le fameux sceau de la prophétie, tel que décrit par le prêtre. Je l’entourai de mes bras et l’embrassai en pleurant. Il m’invita à m’asseoir et me demanda de lui relater les péripéties vécues avant ma venue à Médine. À la fin de mon récit, il me souhaita la bienvenue et m’accueillit parmi ses compagnons. ».

Dès ce jour, il devint un élève assidu des cercles d’enseignement du Messager d’Allah et quelques temps plus tard, le Prophète et ses compagnons l’aidèrent à s’affranchir de son statut d’esclave. Sa quête effrénée de Vérité s’acheva car il venait de trouver son maître spirituel, celui qu’il cherchait depuis si longtemps, depuis qu’il avait tout abandonné dans ce bas monde pour écouter les appels de la vérité et suivre la quête de son âme.

Il devint alors inséparable d’Abû Ad-Darda, un autre disciple et grand ascète, et ils partagèrent une vie sobre, détachés des plaisirs de ce bas monde. Il fut l’un des compagnons les plus proches du Prophète et fera partie des « Ahl as-suffa », ces pauvres parmi les musulmans qui passaient leur temps dans l’adoration du Seigneur. Un jour, alors que les Ansârs et les Muhâjirîn revendiquaient les uns et les autres l’appartenance de Salmân à leur communauté, le Messager de Dieu leur dit : « Salmân fait partie de notre famille(Voir Sifât as-safawa d’Ibn al-Jawzî et Tarîkh al-Islâm de Dhahabî).

Salman Al-Farîsî fut aussi un homme d’action doté d’une très grande intelligence. Ainsi, lors de la fameuse bataille des tranchées (l’expédition des coalisés comme la nomme le Coran), il donnera un sublime aperçu de sa tactique en matière de stratégie militaire, inconnue jusque-là chez les Arabes, et sera la cause de la victoire des musulmans sur plus de 20000 infidèles.

Après la mort du Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam, on lui confia le poste de gouverneur d’Al-Madyan dans la province de Perse qu’il connaissait puisqu’il en était originaire mais cette fonction officielle ne lui plaisait pas, lui qui avait appris à mépriser ce bas monde et à ne pas se laisser tenter par ses ornements, mais devant l’insistance de ‘Umar radhiAllahou’anhou il accepta. Malgré son poste de gouverneur, il ne touchait rien de son salaire préférant manger les fruits de son travail et il ne fit rien pour se distinguer des plus modestes : il continuait à s’asseoir auprès des autres, la piété et l’ascétisme de cet homme étaient tels qu’il était difficile de le dissocier du plus modeste de ses administrés et sa sagesse lui permit de résister à l’arrogance et à la condescendance dont sont victimes les gens de pouvoir. Sous son gouvernement, la province d’Al-Madyan nouvellement conquise, prospéra et l’islam s’y propagea à grande vitesse.

Devenu vieux et s’apprêtant à rejoindre notre précieux Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam  il se mit à pleurer. À Sa`d qui lui demandera les raisons de son chagrin, il répondra : « Par Dieu, je ne pleure pas parce que je crains la mort ou parce que j’aime la vie. Mais je me suis souvenu de ce que le Messager nous a dit : « Que chacun de vous prenne de la vie ce que prend un voyageur comme provisions. » Or, me voilà entouré de toutes ces richesses ». Sa`d dira : « Je regardai autour de moi et je ne vis qu’une grande écuelle et un récipient pour les ablutions.».

Le jour de sa mort, il pria son épouse de répandre du musc, qu’il gardait précieusement, autour de lui afin d’être prêt à recevoir les créatures ne mangeant pas de nourriture mais aimant le parfum.

Il avait quitté sa famille, puis était devenu un précieux compagnon qui aida au triomphe de l’Islam et à son expansion. Il mourut simplement et sobrement, apaisé d’avoir trouvé La Vérité.

«Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée.

Entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans mon paradis.»

{Sourate 90 – Versets 27 à 30}

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1 – De quelle origine était Salman?

 

2- Quels sont les deux signes, qui lui furent révélés par un prêtre, permettant de reconnaître le prophète venu  de chez les Arabes ?

 

3- Véritable ascète, comment nommait-on les pauvres parmi les musulmans, détachés de l’amour des biens matériels, qui passaient leur temps dans l’adoration? 

 

4- Dans quelle province fut-il nommé gouverneur ?

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Nos 2 gagnantes d’hier sont Rachida et Sihame ! Félicitations à elles =)