Que cela soit in utero, à la naissance ou quelques temps après, quelle que soit la pathologie ou l’accident, le décès d’un bébé est douloureux quand on le vit. Nous ne sommes pas dans le registre d’un deuil « commun ». Ici, il s’agit d’un petit être dont on n’a même pas -ou si peu- fait la connaissance. Et perdre son enfant n’est pas dans « l’ordre attendu des choses » même s’il s’agit là du décret d’Allah que l’on se doit d’accepter.

Bébé est mort avant la naissance

Ce deuil peut être anté-natal, avant la naissance, quand le médecin nous informe que le coeur de bébé ne bat plus, quand on vit une fausse-couche aussi. Ce petit être qu’on a pu sentir bouger auparavant, ce petit être dont on avait projeté la vie avec nous, nous quitte inopinément. Bercée entre le réel et l’irréel, la mère ressent un profond sentiment de vide; physiquement c’est une partie d’elle qui lui est arraché. Est-elle même mère, elle dont le berceau est vide, elle qui n’a pas eu le temps de donner un nom à son bébé ? Que dire de son accouchement provoqué et annoncé d’un bébé mort ? La violence physique rejoint celle morale mais ne l’égale aucunement.

Les interruptions médicales de grossesse

Il existe aussi le cas des interruptions médicales de grossesse proposées lorsqu’une pathologie a été décelée par le corps médical et qu’il y a risque de lourd handicap ou que bébé ne survive pas à la naissance. Il s’agit là d’un diagnostic et non d’un pronostic. Il n’empêche que les parents se retrouvent alors dans une situation difficile chargée de culpabilité. Même si le « choix » d’interrompre la grossesse ne se pose généralement pas en matière d’éthique religieuse, rapprochez-vous d‘hommes de sciences, spécialisés dans le Fiqh, pour vous aider en fonction de votre cas particulier (mise en danger de la vie de la mère, etc.).

Le décès d’un bébé prématuré

Un autre cas de figure est celui du décès post-natal d’un prématuré. Ce bébé qui aura été vu, connu de tous, objet de tous les soins mais qui, cependant, décède. Il en va de même de la mort subite du nourrisson, de ce petit bébé dont rien ne préfigurait à ce drame. Car c’en est un. Et la sidération nous saisit, l’incrédulité est complète. Tout s’arrête, subitement. Le temps se fige. Et c’est insupportable.

Le processus de deuil

Dans le processus du deuil, selon la psychanalyse, il existe une phase de déni dont le temps varie d’un individu à l’autre tant cet état est proche d’un traumatisme. Ensuite s’entremêlent mouvements de colère et sentiment d’injustice: il faut trouver un coupable, un autre. Soi-même aussi. S’ensuit un sentiment de vide, de mélancolie, comme un temps suspendu où l’on perd tout repère. C’est le moment où une aide extérieure est salutaire. Enfin et lentement, on parvient à se recentrer sur les vivants sans oublier ce bébé mort mais on s’autorise alors à continuer de vivre. Sans lui.

Faire revivre le souvenir de l’enfant mort

Et pour accepter cette perte, il faut l’avoir reconnue, il faut continuer de parler à ce bébé, parler de ce bébé à son conjoint, sa fratrie. Il a existé. Malgré tout. Mais il est mort, c’est le seul mot qui convient. Et pouvoir être entendu(e) surtout sans volonté d’être raisonné(e) par des « ça va aller mieux » ou « vous en aurez un autre ». Il est très aidant pour les parents de parler de ce bébé mort comme il était, comme il bougeait dans le ventre, s’il a souri quand il est né… Parce que c’est dans le silence que se niche la douleur. Et pleurer, abondamment, sans honte aucune de le faire. Laisser aller le chagrin en se sachant entendu(e) et soutenu(e) par ses proches.

Inscrire le bébé ou le foetus mort dans le livret de famille

A la maternité, on propose de prendre ce bébé mort dans ses bras ou de voir- ultérieurement- la photo systématique faite par l’équipe médicale. C’est réconfortant pour les parents de voir leur bébé, comme s’il dormait. D’autre part, et à tous moments de la grossesse – non plus qu’à la naissance- la loi française propose désormais de reporter ce bébé décédé sur le livret de famille, qu’il s’agisse d’un bébé ou même d’un foetus (1). Cela permet d’inscrire ce bébé dans la filiation et, psychologiquement, cette reconnaissance est aidante.

Envisager une autre grossesse après le décès de son bébé

Alors oui, il faudra du temps ou s’accorder ce temps avant de se précipiter dans une autre grossesse comme le conseillent les psychologues (2), ne pas vouloir le remplacer afin que ce bébé à venir inshaAllah ait réellement sa place en tant que tel. C’est aussi se projeter différemment, avec cette réelle conscience supplémentaire que bébé peut naître, oui, mais aussi qu’il mourra, à une date qui n’est connue du Créateur Seul. « Et c’est à Lui que nous sommes et que nous retournerons », à tout âge.

A tous ces par’anges, une journée de sensibilisation et d’information leur est dédiée chaque 15 octobre depuis 2011, pour que leur douleur se dise, se sache. Des sites leur sont consacrés comme les ailes de zélie (3) ou nos petits anges au paradis.com.

Isabelle
Maman Relais Maman Blues Limoges

  1. arrêt du 6 février 2008 de la Cour de cassation « tout enfant né sans vie à la suite d’un accouchement peut être inscrit sur les registres de décès de l’état civil, quel que soit son niveau de développement. »
  2. M-H Orliaguet, unité mère bébé, CH Esquirol, Limoges
  3. page facebook éponyme